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les mille nuits et une nuit

le chien et lui demanda : « Tu as entendu ! Consens-tu à la chose ? » Il remua la queue et fit un signe de tête qui signifiait : « Oui ! » Alors la jeune fille prit une tasse talismanique remplie d’eau, et elle commençait à prononcer dessus les paroles conjuratoires, quand soudain un grand cri se fit entendre et la jeune esclave de la jeune fille entra dans la chambre en disant à sa maîtresse : « Où est ta promesse, ô ma maîtresse, et le pacte conclu entre nous deux ? Tu m’as juré, quand je t’ai enseigné la sorcellerie, de ne jamais faire d’opération magique sans me consulter ! Or justement moi aussi je veux épouser le jeune Ali Vif-Argent, chien présentement ; et je ne consentirai à sa transformation en homme qu’à condition qu’il nous appartiendra à toutes deux en commun et qu’il passera une nuit avec moi et une nuit avec toi ! » Et, la jeune fille ayant consenti à cet arrangement, son père, assez étonné de tout cela, lui demanda : « Et depuis quand as-tu appris la sorcellerie ? » Elle répondit : « Depuis l’arrivée de notre nouvelle esclave, celle-ci, qui l’avait apprise elle-même quand elle était autrefois au service du juif Azaria et qu’elle pouvait feuilleter en cachette les grimoires et les livres anciens de cet insigne magicien ! »

Après quoi les deux jeunes filles prirent chacune une tasse talismanique et, après y avoir marmotté des paroles en langue hébraïque, aspergèrent d’eau le chien Ali en lui disant : « Par les vertus et les mérites de Soleimân, redeviens un être humain vivant ! » Et Ali Vif-Argent sauta à l’instant sur ses deux pieds, plus jeune et plus beau que jamais.