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histoire de jouder le pêcheur…
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MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT SOIXANTE-SEPTIÈME NUIT

Elle dit :

… Or, un jour d’entre les jours, Jouder jeta son filet dans le fleuve et, l’ayant ramené, le trouva vide ; il le jeta une seconde fois, et le ramena vide ; alors il se dit en lui-même : « Il n’y a pas de poisson en cet endroit-ci ! » Et il changea de place, et, ayant jeté son filet, le ramena vide encore ! Il changea de place une seconde fois, une troisième fois et ainsi de suite depuis le matin jusqu’au soir sans réussir à pêcher un seul goujon. Alors il s’écria : « Ô prodiges ! N’y aurait-il plus de poissons dans l’eau ? Ou bien la cause serait-elle autre chose ? » Et, comme le soir tombait, il chargea son filet sur son dos et s’en revint bien peiné, bien triste, et portant avec lui le chagrin et le souci de ses frères et de sa mère, sans savoir comment il allait leur donner à souper ; et il passa de la sorte devant une boutique de boulanger où il avait coutume, en rentrant, d’acheter le pain du soir. Et il vit la foule des clients qui se pressaient pour acheter le pain, leur monnaie à la main, sans que le boulanger leur prêtât grande attention. Et Jouder s’arrêta tristement à l’écart, en regardant les acheteurs et en soupirant. Alors le boulanger lui dit : « La bienvenue à toi, ô Jouder ! As-tu besoin