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les mille nuits et une nuit

la vérité sur les deux poissons en question et sur le juif Schamayâa du souk ! » Alors le Moghrabin dit :

« Ô Jouder, sache que les deux Moghrabins qui se sont noyés étaient mes frères. L’un s’appelait Abd Al-Salam et l’autre s’appelait Abd Al-Ahad. Quant à moi, je m’appelle Abd Al-Samad. Et celui que tu crois être un Juif, n’est point juif du tout, mais un vrai musulman du rite malékite : son nom est Abd Al-Rahim, et il est également notre frère. Or, ya Jouder, notre père, qui s’appelait Abd Al-Wadoud, était un grand magicien qui possédait à fond toutes les sciences mystérieuses, et il nous enseigna, à nous ses quatre fils, la magie, la sorcellerie et l’art de découvrir et d’ouvrir les trésors les plus cachés. Aussi nous nous appliquâmes vivement à l’étude de ces sciences, où nous atteignîmes un tel degré de savoir que nous finîmes par soumettre à nos ordres les genn, les mareds et les éfrits.

« Lorsque notre père mourut, il nous laissa de grands biens et d’immenses richesses. Alors nous partageâmes entre nous, selon l’équité, les trésors laissés, les talismans divers et les livres de science ; mais sur la possession de certains manuscrits nous ne tombâmes pas d’accord. Le plus important de ces manuscrits était un livre intitulé Annales des Anciens, et vraiment inestimable de prix et de valeur, et tel qu’il ne pouvait être payé même avec son pesant de pierreries ! En effet là-dedans on trouvait des indications précises sur tous les trésors cachés au sein de la terre, et sur la solution des énigmes et des signes mystérieux. Et c’était justement dans ce manuscrit que notre père avait puisé toute la science qu’il possédait.