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histoire de jouder le pêcheur…
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et tout cela parce que tu n’as pas voulu l’obliger à ôter son caleçon ! C’est fini pour cette année-ci ! Et nous devons attendre jusqu’à l’année prochaine pour répéter notre tentative ! D’ici là tu vas habiter chez moi ! » Et il héla les deux nègres qui apparurent aussitôt et plièrent la tente et ramassèrent ce qui était à ramasser, et disparurent uni moment pour revenir avec les deux mules sur lesquelles montèrent Jouder et le Moghrabin, pour rentrer immédiatement dans la ville de Fas.

Jouder habita donc chez le Moghrabin une année entière, en revêtant chaque jour une robe nouvelle, de grande valeur, et en mangeant bien et en buvant bien de tout ce qui sortait du sac, selon ses souhaits et ses désirs.

Or, le jour arriva, qui était fixé au commencement de la nouvelle année, pour la tentative ; et le Moghrabin vint trouver Jouder et lui dit : « Lève-toi ! Et allons-nous-en là où nous devons aller ! » Il répondit : « Certainement ! » Et ils sortirent de la ville, et virent les deux nègres qui leur présentèrent les deux mules qu’ils enfourchèrent aussitôt et ils poussèrent dans la direction du fleuve sur les bords duquel ils ne tardèrent pas à arriver. La tente fut dressée et tendue et servie comme la première fois. Et, après qu’ils eurent mangé, le Moghrabin prit le roseau creux, les tables de cornaline rouge, la cassolette remplie de braise et l’encens ; et, avant de commencer les fumigations magiques, il dit à Jouder : « Ô Jouder, j’ai une recommandation à te faire ! » Jouder s’écria : « Ô mon seigneur le pèlerin, vraiment ce n’est pas la peine ! Si j’avais oublié la raclée, j’aurais