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les mille nuits et une nuit

souhaites-tu, ô mon frère ! » Il répondit : « Sache, ô mon frère, ô Jouder, que j’ai un ami qui m’a invité bien des fois à sa maison, pendant ton absence, et m’a toujours traité avec beaucoup d’égards, et m’a rendu ainsi son obligé. Je suis donc allé lui rendre visite aujourd’hui pour le remercier, et il m’a invité à rester dîner avec lui ; mais je lui dis : « Moi, je ne puis vraiment laisser mon frère Jouder tout seul à la maison ! » Il me dit : « Amène-le ici avec toi ! » Je répondis : « Je ne crois pas qu’il accepte ! Mais toi tu pourrais bien accepter notre invitation ce soir, avec tes frères ! » Or justement ses frères étaient présents, et je les invitai aussi, croyant à part moi qu’ils n’accepteraient pas l’invitation et que je m’en tirerais de la sorte poliment ; mais malheureusement ils ne firent aucune difficulté, et leur frère, voyant qu’ils acceptaient, accepta également et me dit : « Tu m’attendras à l’entrée de ta ruelle, près de la porte de la mosquée, et je viendrai te trouver là, avec mes frères ! » Or moi maintenant, ô mon frère Jouder, je crois bien qu’ils doivent être déjà là, et tu me vois bien honteux vis-à-vis de toi à cause de cette liberté que j’ai prise ! Et si tu voulais vraiment me rendre ton obligé à jamais, accepte-les pour hôtes ce soir ! Tes bienfaits nous ont déjà comblés, et l’abondance est dans ta demeure, ô mon frère ! Mais si, pour une raison ou pour une autre, tu ne veux point d’eux pour hôtes dans la maison, permets-moi de les inviter dans la maison de nos voisins où je les servirai moi-même ! » Jouder répondit : « Et pourquoi donc les inviter dans la maison de nos voisins, ô Salem ! Notre maison serait-elle si étroite et si inhospitalière ?