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histoire de jouder le pêcheur…
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Ou bien n’aurions-nous pas de quoi leur donner à souper ? Vraiment n’as-tu point honte de me consulter à ce sujet ? Tu n’as qu’à les faire entrer, et à leur servir en abondance les mets et les douceurs, sans parcimonie, de façon à ce qu’il y en ait de reste ! Et désormais si tu invitais de tes amis, pendant mon absence, tu n’aurais qu’à demander à notre mère tous les mets nécessaires et le superflu ! Va donc chercher tes amis de ce soir ! Les bénédictions sont descendues sur nous à travers de tels hôtes, ô mon frère ! »

À ces paroles, Salem baisa la main de Jouder, et alla à la porte de la petite mosquée trouver les gens en question qu’il se hâta d’amener à la maison. Et Jouder se leva en leur honneur et leur dit : « La bienvenue sur vous ! » Puis il les fit s’asseoir à côté de lui, et se mit à les entretenir amicalement, sans se douter de ce qui était caché pour lui dans le destin dont ils étaient l’instrument ! Et il pria sa mère de leur tendre la nappe et de leur servir un repas de quarante plats de couleur différente, en lui disant : « Porte-nous telle couleur, et telle couleur, et encore telle couleur ! » Et ils mangèrent et se rassasièrent, en croyant que ce splendide repas était dû à la générosité de ses frères Salem et Salim. Puis, lorsque le tiers de la nuit se fut écoulé, on servit les douceurs et les pâtisseries ; et l’on mangea jusqu’à minuit. Alors, à un signe de Salem, les matelots se précipitèrent sur Jouder et, tous à la fois, le maîtrisèrent, le bâillonnèrent, lui attachèrent solidement les bras, lui garrottèrent les pieds et le transportèrent hors de la maison, à la faveur des ténèbres, pour aussitôt