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histoire de jouder le pêcheur…
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ger dans la bonne voie ; et comme il est né fortuné et favorisé du destin, il nous reviendra bientôt avec d’immenses richesses ! » Puis, comme tout de même l’absence est chose dure pour une mère, elle se mit à pleurer. Alors ils lui crièrent : « Ô maudite scélérate, tu aimes donc Jouder d’un tel amour, alors que si nous, tes fils, nous venions à nous absenter ou à être de retour, tu ne t’affligerais ni te réjouirais ! Ne sommes-nous donc point tes fils comme Jouder est ton fils ? » Elle répondit : « Vous êtes aussi mes fils, mais vous êtes deux misérables, deux méchants ! Depuis le jour de la mort de votre père vous ne m’avez fait aucun bien, et je n’ai pas eu un jour heureux avec vous ni un soin quelconque de votre côté ! Quant à Jouder, j’ai eu de lui beaucoup de bonté ; et il a toujours eu à cœur de me faire plaisir et de me montrer du respect et de me traiter avec générosité. Certes celui-là mérite bien que je pleure sur lui, car ses bienfaits sont sur moi et sur vous deux également ! » En entendant ce langage de leur pauvre mère, les deux misérables se mirent à l’injurier et à la frapper ; puis ils entrèrent dans l’autre chambre et cherchèrent partout le sac enchanté et le sac aux choses précieuses ; et ils finirent par mettre la main dessus et les prirent, en enlevant du second tout l’or qui se trouvait dans l’une des poches et tous les joyaux de pierreries qui se trouvaient dans la seconde poche ; et ils dirent : « Cela est le bien de notre père ! » Mais elle s’écria : « Non, par Allah ! c’est le bien de votre frère Jouder ! Et il l’a apporté du pays des Moghrabins ! » Ils lui crièrent : « Tu mens ! c’est le bien de notre père ! Et nous avons le