dans mon cœur plus profondément que le tranchant d’une lame coupante.
« Son amour a brûlé mon cœur et mes entrailles, et anéanti mon corps par les maladies.
« Depuis si longtemps je ne goûte plus les douceurs du manger et du dormir.
« La patience et la tranquillité ont fui mon âme, et la passion est venue s’y fixer pour toujours.
« Comment désormais pourrais-je trouver de la joie à vivre loin de l’ami absent ! N’est-il point mon but, mon désir et toute mon âme ? »
Lorsque le pigeon eut entendu ces vers de Délice-du-Monde, il sortit de sa rêverie, et se mit à gémir et à roucouler d’une façon si plaintive et si mélancolique qu’il semblait employer la voix humaine, et, dans son langage, réciter ces vers :
« Ô jeune amoureux, tu viens de me rappeler le temps de ma jeunesse anéantie dans le passé,
« Quand mon ami dont j’adorais les formes gracieuses, car il était merveilleusement beau, me séduisait.
« Sa voix, à travers les branches du monticule sablonneux, me détournait, en extase ravi, des accords aimés de la flûte !
« Un jour le chasseur tendit un filet et le prit. Et mon ami s’écria : « Ô ma liberté dans l’espace ! Ô bonheur envolé ! »
« J’espérais pourtant voir le chasseur compatir à mon amour, et me rendre mon ami ! mais il fut cruel !
« Et mes tortures maintenant sont devenues excessi-