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rose-dans-le-calice et délice-du-monde
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vizir Ibrahim avait perdu tout espoir de retrouver sa fille et Délice-du-Monde, et que son cœur était fort péniblement affecté de tout cela, il résolut de retourner à la ville du roi Derbas sans avoir réussi dans la mission dont il était chargé. Il fit donc ses adieux au vizir Ibrahim, père de Rose-dans-le-Calice, et lui dit, en lui montrant le pauvre jeune homme : « Je voudrais bien emmener avec moi ce saint homme, peut-être que, grâce à ses mérites, la bénédiction sera sur nous et qu’Allah (qu’il soit exalté !) touchera le cœur du roi, mon maître, et l’empêchera de me destituer de mes fonctions ! Et moi, après cela, je ne manquerai pas de renvoyer ce saint homme à Ispahân, sa ville, qui n’est pas éloignée de notre pays. » Le vizir Ibrahim lui répondit : « Fais ce que tu veux ! »

Puis les deux vizirs se séparèrent, et chacun d’eux prit la route de son pays respectif, le vizir du roi Derbas ayant au préalable pris soin d’emmener avec lui Délice-du-Monde, dont il était loin de soupçonner l’identité, et qu’il prit soin de placer sur un mulet, étant donné l’état d’évanouissement tenace où il se trouvait.

Cet état d’évanouissement dura encore trois jours, pendant le voyage, et Délice-du-Monde ignorait absolument ce qui se passait autour de lui. Il finit enfin par revenir de son évanouissement et dit : « Où suis-je ? » On lui répondit : « Tu es en compagnie du vizir du roi Derbas ! » Puis on alla aussitôt prévenir le vizir que le saint homme était revenu de son évanouissement. Alors le vizir lui envoya de l’eau de roses sucrée qu’on lui fit boire et qui acheva de