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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA QUATRE CENT TREIZIÈME NUIT

Elle dit :

… à ces mots, perçant les cœurs de ses beaux regards, il improvisa ces vers :

« Le souvenir de ma bien-aimée me tient délicieuse compagnie dans ma solitude, et chasse loin de moi les pénibles regrets de l’éloignement !

« Ici je n’ai point d’autre source que celle de mes larmes ; mais quand cette source coule de mes yeux elle allège mes angoisses !

« Mes désirs sont violents et rien ne peut leur être comparé. Ah ! quelle chose prodigieuse que mon cas en amour et en amitié !

« Je passe mes nuits les paupières ouvertes dans l’insomnie ; et ma vie amoureuse s’écoule dans l’enfer et le paradis.

« Autrefois j’étais doué de la noble résignation ; mais j’ai perdu cette vertu maintenant ; et le seul don que m’ait légué l’amour c’est l’affliction.

« Mon corps s’est aminci et mon visage s’est changé dans la douleur de l’éloignement et l’ardeur de la passion.

« Les paupières de mes yeux se sont ulcérées par l’écoulement des larmes, et je ne puis pourtant faire rentrer ces larmes dans mes yeux.