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histoire magique du cheval d’ébène
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et se repentit fort d’être monté sur le cheval, et il pensa en son âme : « Il est certain que l’intention du savant a été de me perdre à cause de ma sœur la petite ! Que faire maintenant ? Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah l’Omnipotent ! Me voici perdu sans recours ! » Puis il se dit : « Mais qui sait s’il n’y a pas là une seconde cheville qui serait celle de la descente, comme l’autre est celle de l’ascension ? » Et comme il était doué de sagacité, de science et d’intelligence, il se mit à faire des recherches sur toutes les parties du cheval et finit par trouver une toute petite vis, pas plus grosse qu’une tête d’épingle, sur le côté gauche de la selle ; et il se dit : « Je n’en vois pas d’autre ! » Alors il pressa cette vis, et aussitôt l’ascension diminua peu à peu et le cheval s’arrêta un instant dans les airs pour, immédiatement après, commencer à descendre avec la même rapidité en se ralentissant ensuite petit à petit à mesure que l’on s’approchait de la surface du sol ; et il finit par toucher terre sans secousse aucune et sans mal, tandis que son cavalier commençait à respirer à son aise et à se tranquilliser sur sa vie.

Une fois que le jeune prince Kamaralakmar eut compris le maniement de la cheville et de la vis, il se réjouit fort de sa découverte et remercia Allah le Très-Haut qui avait daigné le délivrer d’une mort certaine. Après quoi il se mit, en faisant tourner tantôt la cheville et tantôt la vis, et en se servant de la bride soit à gauche soit à droite, à faire aller le cheval en avant, en arrière, en haut, en bas, partout où il voulait, tantôt avec la rapidité de l’éclair, tantôt à l’allure de promenade, jusqu’à ce qu’il se fût