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les mille nuits et une nuit

Mais déjà la nuit était tombée, et le prince continua à rester sur la terrasse en attendant que tout le palais fût endormi. Puis comme il était torturé par la faim et la soif, vu que depuis son départ il n’avait encore rien mangé ni bu, il se dit : « Un palais comme celui-ci ne doit certes pas manquer de vivres ! » Il laissa donc le cheval sur la terrasse, et résolu à chercher de quoi se nourrir, il se dirigea vers l’escalier du palais et en descendit les marches jusqu’au bas. Et il se trouva soudain dans une large cour pavée de marbre blanc et d’albâtre transparent qui reflétaient dans la nuit la lumière de la lune. Et il s’émerveilla de la beauté de ce palais et de son architecture ; mais il eut beau regarder à droite et à gauche, il ne vit pas une âme vivante et n’entendit pas un son de voix humaine ; et il fut bien inquiet et bien perplexe, et ne sut que devenir. Il finit tout de même par se décider, pensant : « Je n’ai rien de mieux à faire pour le moment qu’à remonter sur la terrasse d’où je suis descendu, et à passer la nuit à côté de mon cheval ; et demain, dès les premières lueurs du jour, je remonterai à cheval et je m’en irai ! » Et comme il allait mettre ce projet à exécution, il aperçut une lumière à l’intérieur du palais, et s’avança de ce côté-là pour voir ce qu’était l’affaire. Et il vit que cette lumière était celle d’un flambeau allumé, placé devant la porte du harem, à la tête du lit d’un eunuque noir endormi, qui ronflait sur un ton fort bruyant, et ressemblait à quelque éfrit d’entre les éfrits aux ordres de Soleimân ou à quelque genni de la tribu noire des genn ; il était étendu sur un matelas en travers de la porte,