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histoire magique du cheval d’ébène
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et il la bouchait mieux que ne l’aurait fait un tronc d’arbre ou un banc de portiers ; et le pommeau de son glaive étincelait furieusement à la lueur du flambeau, tandis que, au dessus de sa tête, était pendu à une colonne de granit son sac à provisions.

À la vue de ce nègre effroyable, le jeune Kamaralakmar fut terrifié et murmura : « Je me réfugie en Allah le Tout-Puissant ! Ô Maître unique du ciel et de la terre, Toi qui m’as déjà sauvé d’une perte certaine, secours-moi encore et tire-moi sain et sauf de l’aventure qui m’attend dans ce palais ! » Il dit, et tendant la main vers le sac à provisions du nègre, il le prit légèrement, sortit de la chambre, l’ouvrit et y trouva des vivres de la meilleure qualité. Il se mit à en manger, et finit par vider complètement le sac ; et, après s’être ainsi restauré, il alla au bassin de la cour et étancha sa soif en buvant de l’eau qui en jaillissait, pure et douce. Après quoi il retourna près de l’eunuque, suspendit le sac à sa place, et, retirant du fourreau le glaive de l’esclave, le prit, tandis que celui-ci était plus endormi et plus ronflant que jamais, et sortit ne sachant encore d’où sa destinée devait venir à sa rencontre…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.