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les mille nuits et une nuit

vaincre et de vous mettre en déroute, sans que vous puissiez arriver à en venir à bout ! Et c’est là ce qu’il prétend ! » Puis tu me laisseras seul lutter contre eux tous ! S’ils me tuent, alors ton secret est ainsi bien plus sûrement gardé à jamais, et ton honneur sauvé. Si au contraire c’est moi qui triomphe d’eux tous et les mets en déroute, tu auras trouvé un gendre dont pourraient s’honorer les plus grands rois ! »

Le roi alors ne manqua pas de partager cette dernière opinion et d’accepter cette proposition, bien qu’il fût stupéfait d’une telle assurance et qu’il ne sût à quoi attribuer une si folle prétention ; car au fond de son cœur il était persuadé que le jeune prince périrait dans cette lutte insensée, et qu’ainsi son secret serait le mieux gardé et son honneur sauf. Aussi appela-t-il le chef eunuque et lui donna-t-il l’ordre d’aller sans délai trouver le vizir et de lui enjoindre de rassembler toutes les troupes et de les tenir prêtes sur leurs chevaux et revêtues de leurs armes de guerre. Et l’eunuque transmit l’ordre au vizir, qui aussitôt rassembla les chefs et les principaux notables du royaume, et les rangea en ordre de bataille à la tête de leurs troupes revêtues de leurs armes de guerre. Et voilà pour eux !

Quant au roi, il resta encore près du jeune prince à causer avec lui, tant il était charmé de ses paroles sensées, de son bon jugement, de ses manières distinguées et de sa beauté, et aussi parce qu’il ne voulait pas le laisser encore seul avec sa fille cette nuit-là. Mais, à peine jour, il regagna son palais et s’assit sur son trône et donna l’ordre à ses esclaves de tenir prêt pour le prince le plus beau cheval des