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histoire magique du cheval d’ébène
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écuries royales, de le seller magnifiquement et de le harnacher de housses somptueuses. Mais le prince lui dit : « Je ne veux monter à cheval que lorsque je serai arrivé devant les troupes ! » Le roi répondit : « Qu’il soit fait selon ton désir ! » Et tous deux sortirent au meidân où les troupes étaient rangées en ordre de bataille, et le prince put ainsi juger de leur nombre et de leur qualité. Après quoi le roi se tourna vers tous ceux-là, et leur cria : « Ho ! Guerriers, ce jeune homme que voici est venu me trouver et m’a demandé ma fille en mariage. Et moi en vérité je n’ai jamais vu rien de plus beau que lui ni cavalier plus intrépide. D’ailleurs il prétend lui-même qu’il peut, à lui seul, triompher de vous tous et vous mettre en déroute ; et fussiez-vous cent mille fois plus nombreux, il vous considérerait comme peu de chose et vous vaincrait tout de même. Ainsi donc ne manquez pas, quand il vous chargera, de le recevoir sur la pointe de vos glaives et de vos lances ! Cela lui apprendra ce qu’il en coûte de se mêler de si graves affaires ! » Puis le roi se tourna vers le jeune homme et lui dit : « Hardi, mon fils ! et fais-nous voir tes prouesses ! » Mais il répondit : « Ô roi, tu ne me traites ni avec justice ni avec impartialité ! Comment veux-tu en effet que je lutte avec tous ceux-là, moi à pied et eux à cheval ! » Le roi lui dit : « Je t’avais offert de monter à cheval, et tu avais refusé ! Tu peux encore le faire, et choisir au milieu de tous mes chevaux celui qui te plaît le mieux ! » Mais il répondit : « Aucun de tes chevaux ne me plaît, et je ne monterai que sur celui qui m’a porté jusqu’à ta ville ! » Le roi lui demanda : « Et où est-il, ton cheval ? » Il