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que l’étude de l’art se présente à nous sous une apparence singulièrement perfectionnée.

On peut dire que la corrélation si frappante de l’agencement physiologique des contacts et des mouvements avec la beauté et la variété du timbre évoquées dans la sonorité par l’exécutant, ouvre une perspective sur l’existence d’affinités insoupçonnées. Grâce aux empreintes du toucher, nous pouvons définir certaines poses acoustiques, par lesquelles nous communiquons aux mains et aux doigts des positions qui favorisent l’agencement des contacts dans tous les groupements de notes exécutés par des attaques simultanées ou successives.

Par ces poses acoustiques basées sur les caractères divers de la sensibilité des contacts, l’image que notre cerveau a conque de la pulpe des doigts devient infiniment perfectible. Nos sensations tactiles sont considérablement renforcées par les représentations visuelles des empreintes des contacts et par les diversifications des perceptions auditives.

Admettons qu’une tempête soit déchaînée et que de trois personnes différentes la première n’entende que le bruit du vent, la seconde me perçoive que les vêtements qui la recouvrent agités violemment, et la troisième ne sente que le souffle impétueux lui cingler le visage et les membres. Ces trois sensations ne donneront une représentation complète du caractère de la tempête que lorsqu’elles seront réunies chez la même personne. Il en est ainsi pour la conception de l’art musical ; c’est à travers le développement de nos trois sens principaux qu’elle