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rencontre d’un Abnakis, qui, mieux instruit, parce qu’il avait été plus brave, m’apprit que cette action si meurtrière s’était terminée à un Nipistingue tué et un autre blessé à l’abordage. Je n’attendis pas le reste de son régit ; je me pressai d’aller rejoindre nos gens pour céder ma place à Mathavet, missionnaire de la nation Nipistingue. J’arrivais par eau, lorsque M. de Montcalm, qui, au bruit de la mousqueterie, avait pris terre un peu au-dessous, arriva à travers les bois ; il apprit que je venais de la découverte, et s’adressa à moi pour être mieux au fait : mon Abnakis, que je rappelai, lui fit un court récit du combat. L’obscurité de la nuit ne permettait pas de savoir le nombre des morts ennemis ; on s’était saisi de leurs berges ; et on leur avait fait trois prisonniers. Le reste errait à l’aventure dans les bois : M. de Montcalm, charmé de ce détail, se retira pour aller aviser, avec sa prudence accoutumée, aux opérations du lendemain.

Le jour commençait à peine à paraître, que la partie de la nation Nipistingue procéda à la cérémonie des funérailles de leur frère, tué sur la place dans l’action de la nuit précédente, et mort dans les erreurs du paganisme. Ces obsèques furent célébrées avec toute la pompe et l’appareil sauvage. Le cadavre avait été paré de tous les ornemens, ou plutôt surchargé de tous les atours que la plus originale vanité puisse mettre en œuvre dans des conjonctures assez tristes par elle-