Page:Le massacre au Fort George - La mémoire de Montcalm vengée - 1864.djvu/72

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par avertir son collègue que les intérêts du roi son maître ne lui permettant pas de dégarnir sa place, c’était à lui à capituler, et à se ménager les conditions les plus avantageuses. M. de Montcalm ne crut pas pouvoir faire un meilleur usage de cette lettre, que de la faire remettre à son adresse par celui des courriers même qui était tombé vivant entre nos mains. Il en reçut de l’officier anglais des remercîments accompagnés de la modeste prière de vouloir bien lui continuer longtemps les mêmes politesses. Un pareil compliment, ou tenait du badinage, ou promettait une longue résistance. L’état actuel de la place ne le présageait pas. Une partie de ses batteries démontées et hors de service par le succès des nôtres, la frayeur répandue par les assiégés, qu’on ne rendait plus soldats qu’à force de leur verser du rhum, enfin les désertions fréquentes annonçaient la chûte prochaine. Telle était du moins l’opinion générale des déserteurs, dont la foule aurait été tout autrement considérable qu’elle n’était, si les armes sauvages n’avaient multiplié les périls de la désertion.

Parmi ceux qui vinrent se rendre à nous, il en fut un, sujet d’une république voisine, et notre fidèle alliée, qui me procura la douce consolation de lui préparer les voies à sa prochaine réconciliation à l’Église. J’allai le visiter à l’hôpital, où ses blessures le détenaient. Dès l’entrée de la conversation, je compris qu’il n’était pas difficile de faire goûter à un bon esprit les dogmes de la véritable religion,