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dès que le cœur était dans une situation à ne plus être trop sensible aux trompeuses douceurs des passions humaines.

J’étais à peine de retour de cette course, qui m’avait coûté une marche de trois lieues, dont les peines me furent bien adoucies par les motifs qui l’animèrent, et par les succès qui la couronnèrent, que j’aperçus un mouvement général dans tous les quartiers de notre camp. Chaque corps s’ébranlait, français, canadiens et sauvages, tous se préparaient à combattre : le bruit de l’arrivée du secours tant attendu de l’ennemi, produisait cette subite et générale évolution. Dans ces momens d’alarme, M. de Montcalm, avec un sang-froid qui décide le Général, pourvut à la sûreté de nos tranchées, au service de nos batteries ; et à la défense de nos bateaux. Il partit ensuite pour aller se remettre à la tête de l’armée.

J’étais assis tranquillement à la porte de ma tente, d’où je voyais défiler nos troupes, lorsqu’un Abnakis vint me tirer de ma tranquillité. Il me dit sans façon : Mon père, tu nous a donné parole, qu’au péril de ta vie même, tu ne balancerais pas à nous fournir les secours de ton ministère ; nos blessés pourraient-ils venir te chercher ici à travers les montagnes qui te séparent du lieu du combat ? nous partons et nous attendons l’effet de tes promesses. Une apostrophe si énergique me fit oublier mes fatigues. Je doublai le pas, je perçai au-delà des troupes réglées : enfin après