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En voici l’analyse, d’après Alexandre[1].

Après l’expédition d’Antiochus en Egypte, on avertit les Gentils, instruits par leurs malheurs, de se convertir au culte du vrai Dieu (616 ss., 624 ss.). Dans ce cas on promet au genre humain une admirable félicité. Dans le cas contraire, on annonce la vengeance de Dieu (632), dessinée sous les plus sombres couleurs (633 ss.). Pendant que d’affreuses calamités, la peste, les incursions des barbares, les massacres, la stérilité des champs demeurés incultes, tous les maux fondent sur la terre (633 ss.), un roi viendra envoyé par Dieu « du soleil », c’est-à-dire de l’orient plutôt que du ciel[2], qui arrêtera la guerre par les conseils de Dieu, livrera au carnage quelques-uns des peuples en lutte, et créera des alliances avec les autres, relèvera la nation juive et lui rendra tous les biens[3].

Cependant toutes les nations ne sont pas encore détruites ou soumises, car les rois s’unissent de nouveau et s’entendent pour attaquer la nation sainte, la ville et le temple (660 ss.). Alors éclatera la dernière colère du Dieu tout-puissant ; il fera pleuvoir sur les nations impies le feu et la foudre, détruira leurs villes, et laissera les cadavres sans sépulture (669 ss.). Désormais les Juifs seront à l’abri de toute défaite (702 ss.). Instruits par leur exemple, tous les autres peuples accèdent à la vraie religion et adorent le roi immortel (715 ss.). Cet état de choses sera le dernier et éternel. Ce sera un véritable royaume<refΚαὶ τότε δʹ ἐξεγερεῖ βασιλήϊον εἰς αἰῶνας πάντας ἐπʹ ἀνθρώπους, κ. τ. λ. (767 s.).</ref>, à la manière des empires, du dernier empire de Daniel; il sera subordonné au règne du grand roi, c’est-à-dire de Dieu, auquel on offrira des sacrifices[4].

Alexandre avait bien raison de conclure :

    penche pour une date plus basse, entre la composition du livre d’Hénoch et les psaumes de Salomon. Ce résultat ne peut être obtenu qu’en attribuant à une source antérieure le passage 608-615 qui fait allusion au septième roi d’Égypte de race grecque, Ptolémée Physcon (règne seul de 145 à 117 av. J.-C.). M. Geffcken considère aussi comme remontant à environ 140 av. J.-C. les passages 732-740, 762-766 (Komposition und Entstehungszeit der Oracula sibyllina, passim).

  1. Oracula sibyllina, volumen alterum, p. 474 s. (Paris, 1856).
  2. Contre Alexandre.
  3. Καὶ τότʹ ἀπʹ ἠελίοιο Θεὸς πέμψει βασιλῆα,
    ὃς πᾶσαν γαῖαν παύσει πολέμοιο κακοῖο,
    οὓς μὲν ἄρα κτείνας, οἷς δʹ ὅρκια πιστὰ τελέσσας.
    Οὐδέ γε ταῖς ἰδίαις βουλαῖς τάδε πάντα ποιήσει,
    ἀλλὰ Θεοῦ μεγάλοιο πιθήσας δόγμασιν ἐσθλοις (652-656).

    Il n’y a pas lieu d’attribuer à ce grand roi une origine céleste pas plus qu’à cet autre roi, envoyé par le Dieu du ciel, et qui paraît être Cyrus: Καὶ τότε δὴ θεὸς οὐράνιος πέμψει βασιλῆα (v. 586).

  4. Τοῦτο τέλος πολέμοιο τελεῖ θεὸς οὐρανὸν οἰκῶν.
    Ἀλλὰ χρὴ πάντας θύειν μεγάλῳ βασιλῆϊ (807 s.).