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qu’avaient annoncé les prophètes[1]. Ils donnent aussi à Dieu le titre de roi du ciel, pour marquer son domaine suprême[2].

Et l’Assumptio Mosis (6 environ après Jésus-Christ) se tient encore dans la même ligne, règne éternel de Dieu, règne futur qui est la manifestation du règne éternel.

Un inconnu s’adresse à Dieu :

Seigneur de tout, roi sur un trône élevé, qui domines le siècle (le monde), qui as voulu que ce peuple soit ton peuple agréé…[3],

Voilà pour le règne de droit, et, comme le plus souvent, dans une prière, avec une allusion à la domination particulière de Dieu sur Israël.

Alors paraîtra son règne sur toute sa création,
alors le diable sur son terme,
et la tristesse sera emmenée avec lui[4].

C’est le début du psaume reproduit plus haut, qui décrit précisément ce règne de Dieu. Il n’est pas douteux qu’il soit conçu à la manière d’une catastrophe qui change les conditions physiques du monde actuel. Après le châtiment des nations, Israël sera enlevé au ciel des étoiles.

C’est, de tous les textes que nous avons rencontrés, le seul qui envisage le règne de Dieu comme une transformation aussi radicale. Il faudra ranger dans une catégorie voisine le texte d’Hénoch qu’on vient de citer[5], celui des Testaments, et peut-être aussi celui de la Sibylle[6] ; encore ces derniers textes ne sortent-ils pas de l’horizon terrestre, et Hénoch n’emploie pas le terme de règne de Dieu.

  1. T. Dan, v, 13.
  2. T. Benj., x, 7.
  3. iv, 2.
  4. x, 1 ; cf. p. 85.
  5. xxv, 3. 5. 7.
  6. iii, 46-50.