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CHAPITRE VII

LA RÉSURRECTION.


Il y a d’autant plus d’intérêt à envisager la résurrection isolément, que c’est cette doctrine qui manifeste le mieux le véritable caractère du développement eschatologique. Il faut noter surtout sa relation soit avec le messianisme, soit avec le monde futur. Si cette relation est nette, la résurrection suivant le messianisme et inaugurant le monde futur, il ne reste aucun doute sur le caractère temporel et presque historique du messianisme. D’autre part, on peut se demander comment s’en accommodait l’eschatologie transcendante et presque purement spirituelle.

Les théories du livre d’Hénoch sur la résurrection sont variées, comme les différents aspects des ouvrages qui ont été réunis sous ce vocable. Les auteurs n’ont pas envisagé de la même façon l’eschatologie cosmologique et l’eschatologie messianique, cela va sans dire ; mais, de plus, chacun avait ses vues particulières sur chacune de ces phases. Il faut donc prendre chaque partie séparément.

Dans le livre de l’exploration d’Hénoch (xvii-xxxvi), il n’est pas question de Messie. Les fins dernières s’appliquent à tous les hommes, selon qu’ils sont justes ou pécheurs. Mais ces fins dernières ont un cachet terrestre, en ce sens que le lieu du bonheur et des supplices se trouve sur la terre. Ce n’en est pas moins l’état définitif, après lequel on n’en connaît aucun autre ; c’est celui qui est réglé par le grand jugement.

Avant ce grand jugement, les âmes attendent la résurrection. Elles sont déjà partagées en deux catégories ; les justes jouissent d’un sort plus doux que les pécheurs. Chaque catégorie en comprend elle-même deux autres : les pécheurs qui ont déjà subi leur peine ici-bas ne ressusciteront pas[1]. Les justes ressusciteront et vivront éternelle-

  1. xxii, 13.