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CHAPITRE II

LE RÈGNE DE DIEU.


L’Ancien Testament qui, dans ses premiers livres, contient déjà en germe l’idée du règne universel et éternel de Dieu, l’accentue et l’exalte dans ses derniers écrits, non sans retenir son titre de roi d’Israël, avec l’espérance que ce règne sera mieux reconnu au moment où Israël lui-même sera sauvé[1].

C’est précisément le thème du judaïsme inspiré par l’esprit des Pharisiens, en insistant moins encore sur la nouveauté objective de ce règne. Ce ne sera pas une institution nouvelle, mais la reconnaissance du droit éternel de Dieu : telle est la pensée fondamentale, quoique, çà et là, les réminiscences ou les traductions de l’Écriture amènent à accentuer l’aspect eschatologique.

Le livre des Jubilés appartient à un pharisaïsme qui, à peine, a pris conscience de lui-même. Le parti fidèle à la Loi n’a pas encore rompu avec les Asmonéens (vers 130 av. J.-C.).

On y rencontre dès le début l’ancienne conception du roi d’Israël sauveur (eschatologie sotériologique) : « Et le Seigneur apparaîtra aux yeux de tous, et tous sauront que je suis le Dieu d’Israël et le père de tous les enfants de Jacob, et roi sur le mont Sion pour toute l’éternité »[2].

C’est là sans doute un écho d’Isaïe[3]. A cette date et dans cette école, on ne pouvait parler d’Israël sans distinguer : le véritable Israël, ce sont les fidèles et les élus ; c’est en leur faveur que le règne sera établi sur la terre : « Tous les luminaires seront renouvelés pour le salut et pour la paix et pour la bénédiction en faveur de tous les élus d’Israël, et qu’il en soit ainsi depuis ce jour jusqu’au dernier jour de la terre[4] ». M. Charles, commentant ce passage, a raison de dire que ce salut doit s’entendre dans le sens de l’auteur du livre, qui le

  1. Le règne de Dieu dans l’Ancien Testament, RB., 1908, p. 36-61.
  2. Jubilés, i, 28.
  3. Is. xxiv, 23.
  4. Jubilés, i, 29.