Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE III

LA VIE FUTURE.


Par vie future on entend ici les destinées de l’homme après la mort. L’espérance de la résurrection était un des thèmes de la vie future, mais on doit en traiter séparément. La vie future peut être envisagée, d’une façon assez eenérale, comme la survivance de l’homme. Dans cette nouvelle existence, il est récompensé de ses vertus ou puni pour ses fautes de la vie présente. Il n’y a aucun lien necessaire entre cette autre vie et le messianisme. On peut noter dès à présent que plus on entendait le messianisme comme un bien terrestre et temporel, plus le monde de la rétribution dans l’au-delà en était distinct. Car ce concept, quel que soit le moment où il apparaît dans l’Ancien Testament, n’est pas une transformation de l’espérance du salut pour Israël ; c’est une réponse au problème des destinées individuelles, et à celui de la justice de Dieu. Mérite individuel, survivance de l’âme, récompense ou châtiment, en sont les termes essentiels.

Or il est certain que le judaïsme pharisaïque, un siècle avant Jésus-Christ et un siècle après, s’est beaucoup préoccupé de cette sanction de la vie morale, beaucoup plus, sans comparaison, que du Messie attendu. C’est tout le ressort des exhortations des maîtres, sans aucune confusion possible. La notion du mérite et du démérite, de la responsabilité personnelle et de la récompense individuelle, est parfaitement esquissée dans les psaumes de Salomon.

Car nos œuvres dépendent de notre libre choix et du gré de nos âmes,
pour pratiquer la justice et l’injustice dans les œuvres de nos mains,
et dans ta justice tu examineras les enfants des hommes.
Celui qui pratique la justice s’amasse un trésor qui est la vie auprès du Seigneur,
et celui qui pratique l’injustice est responsable de la perte de son âme.
Car les jugements du Seigneur sont justes, pour chaque homme et chaque maison[1].

Cette théologie est enchâssée entre deux parties qui traitent du sa-

  1. Ps. Sal. ix, 7-10.