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l’apocalypse de Baruch, — et de l’Évangile —, sur le trésor des bonnes œuvres amassé auprès de Dieu[1].

Simon b. Éléazar opinait comme B. Méïr sur le danger de la flatterie et l’avantage du blâme, qui conduit au monde à venir[2].

R. Nathan affirmait dans des termes qui ne sont point éloignés de ceux de l’Évangile : « Il n’est si petit commandement écrit dans la Thora qui n’ait déjà en partie sa récompense dans ce monde, et, dans le monde à venir, une plénitude inconnue de récompense »[3].

R. Iehouda le Saint, rédacteur de la Michna : « Celui qui choisit les joies de ce monde, on lui enlève les joies du monde à venir ; à celui qui ne choisit pas les premières, les dernières sont réservées »[4].

Si nous avons insisté, c’est plutôt à cause de la beauté de quelques-unes de ces maximes que pour la nécessité de la démonstration. Il est clair que pour tous les maîtres, depuis Hillel jusqu’à R. Iehouda, le monde présent est un monde de travail, d’étude, d’épreuve, une occasion de faire des bonnes actions dont la récompense est réservée dans le monde à venir.

Il est donc bien évident dans tous ces cas que le monde à venir suit la mort. Ce qu’il importe aussi de noter, c’est que jamais il ne s’applique à des vivants.

C’est le monde de la vie, mais il faut avoir été ressuscité pour y parvenir. D’ailleurs, tous les justes, et même les pécheurs auxquels le Seigneur ferait miséricorde, peuvent espérer de s’y rencontrer.

Tout le monde était d’accord que tous les morts seraient répartis en deux classes, les bons et les mauvais, les uns destinés à la vie éternelle, les autres à un opprobre éternel, d’après Daniel. L’école de Chammaï admettait une troisième classe, celle des médiocres qui, suspendus au-dessus du feu, montaient et retombaient jusqu’à la fin de l’épreuve. L’école de Hillel inclinait vers la miséricorde[5]. On ne voit pas d’ailleurs exactement en quoi consistait la différence.Peut-être ceux de Hillel, sans nier ce purgatoire, en abrégeaient-ils le temps. Quoi qu’il en soit, cette distribution en classes ne porte que sur des morts.

On se demandait souvent qui serait admis dans le monde à venir ? Il y avait bien la réponse générale des bonnes œuvres, mais on voulait être plus précis. De là des discussions entre Éliézer b. Hyrkanos et Josué b. Khanania, entre Aqiba et Ismael b. Élicha ou entre Aqiba et

  1. Ibid., p. 427.
  2. Qiddouchin, iv (14).
  3. Bacher, Tann. II, p. 443.
  4. Ibid., p. 461.
  5. Tosefta Sanh. xiii, 3. On reviendra sur ce texte, p. 177 s.