Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il avait d’ailleurs toute une théorie sur les sept cieux[1]. Dans le plus élevé, qu’il nommait ‘Arabôth, il plaçait « la justice et le droit, et la bienfaisance, les trésors de la vie et de la paix et les trésors de la bénédiction et les âmes des justes et les esprits et les âmes qui devaient être créés, et la rosée dont Dieu devait se servir pour ressusciter les morts »[2]. Chaque point est prouvé par un texte de l’Écriture. Si les âmes des justes sont là, c’est parce qu’il a été dit à David : « L’âme de mon seigneur sera liée dans le faisceau des vivants auprès de Iahvé, ton Dieu »[3]. Leur présence, si près de la divinité, ressemble à la situation des justes dans l’apocalypse d’Esdras, au septième degré qui précède la résurrection. Toute la situation a un aspect cosmologique, sans allusion au temps du Messie. R. Méïr, lorsqu’il parle de ce temps, — et avec quel luxe d’imagination ! — n’y fait aucune place à la résurrection[4].

Vers la fin du iie siècle, quelques-uns ont dit clairement que les morts devaient ressusciter pour le temps du Messie. C’est du moins ce que l’amora Simon ben Lakich attribuait à Bar Kappara et à Simi ou Simaï, tannaïte d’époque inconnue, mais qui ne peut être très ancien, et qui est même regardé par quelques-uns comme amora. Voici le texte du Talmud de Jérusalem[5] :

Je marcherai devant Dieu dans les pays de la vie (Ps. cxvi, 9)… Non, dit R. Simon ben Lakisch, au nom de Bar Kappara : on entend par là un pays dont les morts ressusciteront les premiers à l’arrivée du Messie ; et, ce qui le prouve, c’est qu’il est dit (Isaïe, xlii, 5) : Il donne l’âme au peuple à cause d’elle (de cette terre).

Est-ce à dire que nos rabbins enterrés hors de la Palestine ne jouiront pas du bénéfice de la résurrection ? L’Éternel, dit R. Simi, creusera la terre sous leur corps, de façon qu’ils viennent rouler comme des outres jusqu’en Terre sainte ; et parvenus là, leur âme retournera dans leur corps et les vivifiera.

Un autre contemporain de Rabbi, Pinkhas ben Iaïr, exprimait par une gradation ascendante comment, de vertu en vertu, on arrivait à la résurrection des morts. Dans la Michna, ce texte se termine par l’affirmation que « la résurrection des morts se produit par l’entremise

  1. Dans b. Khagîfpt, que nous allons citer, la théorie est attribuée à 5’1, ce que Bâcher estime une erreur pour R. Méïr est l’auteur d’après di Ji, Natkan, c. 37 (55h) ; cf. BACOEK, Tann. H, p. s. et noies.
  2. b. Khagùjâ, 12b ; “p~ÏT p“k’ ’I2U ? rVlZlJ n’ipn iipy-à- rnye nm D^pt-s bü •jriac"* rr :’.n iz nni nn 5
  3. I Sam. XXV\ 29.
  4. On petit noter encore que R. Méïr prouvait la résurrection par des passages comme Ex. XV, 1 et Jos, VIII, 30 » où il est dit : n Mûïseehanlcra » TCI ; « Josué construira », ruz\
  5. /, lra<L ScbwabT voL II, p. 319.