Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/198

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récompense ? Il ne peut être heureux que dans la résurrection des morts et le monde à venir. Elle était donc exigée par la justice de Dieu, suppléant aux imperfections de la justice en ce monde.

Naturellement on faisait un raisonnement inverse au sujet des pécheurs. Simon ben Éléazar prouvait aux Samaritains la résurrection par un texte des Nombres[1] où il est dit d’une personne menacée d’extermination pour un crime : « que ses péchés soient sur elle » ; ce qui ne peut s’entendre que si elle rend compte au jour du jugement.

Cette manière d’envisager la résurrection comme un événement cosmique, qui embrasse tous les particuliers, se rattachant au souverain pouvoir de Dieu sur le monde et non à sa Providence spéciale sur Israël, est le grand courant de la tradition hébraïque, représenté par la prière Chemoné-esrê qui a ensuite contribué à le maintenir. Le pouvoir de Dieu sur les morts pour les rendre à la vie figure dès le second article, comme un attribut divin, tandis que le messianisme davidique ne paraît qu’au quatorzième[2].

Il est certain cependant que, à partir d’une certaine époque, quelques rabbins ont exprimé l’espérance de ressusciter au moment de l’avènement du Messie. Je n’en vois pas de trace avant R. Méïr, disciple de Rabbi Aqiba.

Une tradition de basse époque raconte un entretien qu’il aurait eu avec un chef romain. L’hégémôn comparait Israël à un esclave chassé par son maître. R. Méïr répliquait que c’était un fils, châtié par son père ; aussi Dieu est-il tout disposé à pardonner aux Israélites repentants et à les ramener à Sion. La dernière instance de l’hégémôn, c’est que Dieu rappellera bien les vivants, mais non les morts. A quoi R. Méïr réplique par le texte d’Isaïe sur la résurrection des cadavres[3]. Mais l’ouvrage où cette tradition est rapportée est de très basse époque, et Bâcher n’ose affirmer l’authenticité de la petite histoire[4].

Les autres maximes de R.Méïr sur la résurrection s’entendraient mieux du jugement général. Il disait que ni Absalom, ni aucun des rois d’Israël ne ressusciterait au jour du jugement[5].

  1. Ætewsv, 31 ; cL BAGFIBR, Tann* IJ, p. 423+
  2. Voir aux appendices, texte IV.
  3. JELUKEK, îiet ha-Midrasch, I, p. 22 : Sÿl “IT1H NTJ C^FI S" X2C p’ZJH 15X pOTTFI (/-s. XIVi, 19) pc’lpl’ ’ !nl7l’12 13D TTO ’1 ï*> THn IJl’X .nhïzzb
  4. Tann, H, p. 35 : VÈclleïcht gelit auf echte Tradition das in eînem jüngeren Midraschvterke erhaltene Gesprüch*..
  5. Sanh. 103b ■ xSl fOn xS