prétendaient indiquer exactement l’année de la venue du Messie. R. Khanina la mettait quatre cents ans après la ruine du Temple ; une baraïtha anonyme disait : « Après quatre mille deux cent trente et un an depuis la création du monde, si un homme te dit : prends pour un dinar un champ qui en vaut mille ; ne le prends pas »[1]. On suppose que le Messie va venir et donner des champs pour rien.
Mais cette précision exposait à trop de mécomptes ; elle déplut, et R. José b. Khalaphta en vint à déclarer que ceux qui calculeraient « la fin », c’est-à-dire l’avènement messianique, n’auraient point de part au monde à venir[2]. Il fut donc entendu que le Messie viendrait sans être attendu, comme la mort, ou comme le scorpion qui pique à l’improviste, ou comme le trésor découvert par hasard.
S’il était difficile de savoir quand viendrait le Messie, on savait du moins que ce serait à la fin des temps, quel que fût le sens de ce terme. Quelques-uns pensaient-ils à la fin du monde ? C’est ce qui paraît résulter d’un axiome plusieurs fois répété. La tradition babylonienne l’attribuait soit à R. José[3], qui serait probablement R. José ben Khalaphta, disciple d’Aqiba, soit à R. Asi[4], un amora de la fin du iiie siècle. La formule était stéréotypée : « Le fils de David ne viendra que lorsqu’il n’y aura plus d’âmes dans le réceptacle, car il est dit (Is. lvii, 16) : car l’esprit attendra en ma présence et les âmes que j’ai faites[5] ».
Le réceptacle est une sorte de trésor où les âmes, créées depuis le commencement du monde, attendent le moment d’entrer dans les corps. Quand il sera vide, on touchera donc à la fin du monde. La