Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/233

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Il y eut donc une tendance à relever de plus en plus le caractère proprement royal du Messie.

C’était une dérogation plus grave du sens primitif de le nommer non plus « l’oint de Iahvé », mais « l’oint d’Israël » pour indiquer son étroite appartenance à la nation[1].

Enfin on employa encore l’expression d’« oint de la justice »[2], ou l’« oint de notre justice » en faisant parler Israël[3], ou l’« oint de ma justice »[4] en faisant parler Dieu. L’« oint juste » serait, croyons-nous, une traduction beaucoup trop atténuée. La justice indique probablement ici le droit légitime ; droit établi par la promesse de Dieu, et fixé dans Israël et dans la maison de David[5].

Les tannas les plus anciens ne font aucune allusion au Messie, mais ce terme est déjà attribué à Éliézer ben Hyrkanos[6], et il demeurera le terme classique, compris de tous. Quelques-uns des anciens prophètes, par exemple la seconde partie d’Isaïe, avaient pu décrire assez longuement les temps du salut sans mentionner le Messie personnel. Mais il avait pris un tel ascendant sur la pensée des tannas qu’on disait désormais « les jours du Messie », pour marquer cette période glorieuse, ou encore le règne de la maison de David, ce qui n’était guère moins caractéristique[7]. R. Iehouda le Saint aurait déclaré qu’on ne satisfaisait pas au précepte, si, en récitant la prière Chemoné-esrê, on ne faisait pas mention du règne de lamaison de David[8].

Si ce terme a quelque chose de moins individuel, les deux recensions de la prière, celle de Palestine et celle de Babylone, y ajoutent la mention expresse du Messie ou d’un descendant de David[9]. On peut

    Quand nous traduisons ci le Roi Messie », cela vent dire « le roi qui sera le Messie )>, et c’est bien ce qu’on voulait marquer.

  1. Targ+ As. XVT, 5 ; Midi. IV, S :
  2. Targ. Jer. XXIIr, 5 ; XXXIII, 15 :
  3. ffwO Pesfr/ta rabbalhi, 162\ 1G3% 164a.
  4. Eod. loc. lGt\ iG2\ lG3a. DALMAN, p. 241 ; cf. dans la. recen¬ sion palestin . du Cheinûné-esré (bénédiction 14e).
  5. Vûir plus haut ce que nous avons dit du Cohen sédeq.
  6. Nekitta sur Er, XVI, p, 5 !P éd. Weiss.
  7. x
  8. b. Berak. 49a. La tradition remonte a Rabin par [’intermédiaire de R. ËLa et de R. Jacob b. Akha : 1*p J<S’I □ïri’l’l’I 32122 7’7 7*2 nishci …. T2X « Sü 1321FI, ïitt. « [féchappe pas à la main-mise de son obligation » ; cS’üll’’ n ; ! ! est une allusion à la (4* demande ; cette baraïtha coïncide fort bien avec le texte de la recension palestinienne du Che/nonc-esté : ’pï ^7*1 “Tÿ …. ’u’irtSx DTH .□Ssnv 3212 “17 ” i7.PN -J172 “Dp7ï “^’2 717 ÏŸ2 Syi …. “7122
  9. Nous venons de citer la recension palestinienne ; dans celle de Babylone, c’est à la