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titre royal ; cependant, en eux-mêmes, ces mots gardaient plus d’ampleur, et marquaient très expressément l’unité d’intentions et d’action entre Iahvé et son oint. Lorsqu’il fut entendu de tous que l’Oint de Iahvé était une personne spéciale, encore inconnue, mais investie par l’espérance d’un rôle déterminé, on en vint à dire simplement l’oint, par excellence, pour le Sauveur attendu, et c’est l’appellation qui domine désormais[1].

Pour individuel qu’il fût, le terme de Messie n’était pas tout à fait un nom propre. On ne disait pas « Messie », on disait « le Messie », du moins à l’époque où nous sommes, puisque l’usage de dire Messie sans article ne se trouve que dans la tradition babylonienne. C’est ce que M. Dalman a bien établi[2]. Il en résulte que le sens propre du mot, « l’oint », avait conservé toute sa portée[3].

Toutefois les rabbins ont peut-être apprécié de moins en moins la valeur générale de ce concept : pour eux l’oint était surtout le Roi, aussi trouve-t-on très souvent les deux mots joints ensemble, surtout dans les Targums plus récents et dans la tradition palestinienne[4].

  1. IV Esdr. VII, 29 ; XII, 32. Apoc. Bar. XXIX, 3 ; XXX, 1 ; dans rx, 9, « mon serviteur le Messie » (syr. Nrbtù’D f“2ÿ). D’après DALMAN, Die IForte Jestt, p. 239, l’expression Messie de Iahvé, ou son Messie, ou ton Messie (en parlant de Iahvé) ne se trouve que dans les Targums, où la traduction l’imposait, et dans quelques prières liturgiques. ï’t-f btrpUTZ, Targ. Is. IV, 2 ; XXVIII, 5 ; "iFI’tÜD, Targ. llab. ni, 13 ; Ps. XVIII, 32 ; LXXXIV, tü ; nW’ÜC, TargZach. IV,,7 ; X, 4 ; Ps. H, 2 ; XX, 7.
  2. DALMAN, Die Worte Jesu, p. 239 s. nl,Cî2 est toujours, dans la tradition palesti- -■ J -T nîenne, au bien à l’état construit, ou avec un suffixe, ou bien avec l’article. On trouve toujours rnïZ11, ce qui fait supposer que dans ^expression H + * ? „ faut ponctuer H’’üTsSv ? ’frsn, par conséquent avec Particle, et de même pour ■ T " ■■ ■ b* ’ Kn araméen, on trouve toujours donc déterminé »
  3. De Mackiah les Grecs ont fait MEGO-KX ; » La prodigieuse érudition de hagarde (Bitdung der Nomina, p » 93-HO) ne peut rien contre un fait aussi évident. En bonne règle, le grec eût dû se contenter <Tun a; mais la réduplication de ce caractère n*est pas rare, avec alternance de la forme avec un seuL
  4. DALMAN, Die Worte Jmi, p. 240 s » Mt Dalman cite pour Targ. Onq. Gew,, XLII, 10 ; AVUTH, XXIVJ 17 ; Targ » 1 Sam. u, 10 ; Il Sam. XXIIï, 3 ; I ivt 33 ; fs » IX, 6 ; X, 27 ; xrT 1. 6 ; XIV, 29 ; Jer. XXXIII, 13 ; Midi, V, 2 ; Zach. VI, 12 ; Sot. TX, 13, j. Kil. 32\ Dans les Targums postérieurs xrPWC Ps.-Jou. (ou Targ » Jer » J) G en. III, 15 ; XXXV, 21 ; nix, L 10. IL 17 ; Ex. XL, 9 ;JVWHL XXIII, 21 ;XXIV> 20. 24 ; DL XXV, 19 ;XXX.4 ; dans leTarg, fragm » ou Jer » Il ; Gen. ni, 15 ; XLIX, 10. IL 12 ; £&. ni, 42 ; ATiww. XI, 26 ; XXIV, 7 ; Targ » CanL I, 8 ; vil, 14 ; VIIIj L 2. 4 ; fiuth, I, 1 ; UI, 15 ; EccleS. ï, 11 ; vu, 24 ; JJS, XXr, 2, 8 ; XLV, 3 ; LXI, 7. 9 ; LXXu, 1 ; LXXX, 16 ; landis que XII’nTG seul Targ. Jer. I : XXIV, 17 ; Targ. Lam. n3 22 ; IV, 22, D’après M. Dalman, devrait se traduire : « le roi oint », et non pas « le roi Messie », Il est sûr que pour dire « le roi .Tannée » on disait N’5*2 c’est-à-dire le nom propre avant le nom commun, et donc « le roi du nom de Messie » eût dû se dire mais d’autre part la traduclîon « le roi oint » n at¬ tache-t-elle pas trop dTimportance au sens étymologique, au détriment du sens individuel ?