Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/235

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avait glorifié le lieu de repos du Messie[1], il voyait un sens messianique dans Zacharie ; « La parole de Dieu est au pays de Khadrak[2] et Damas est son lieu de repos ». Khadrak sera donc le Messie, dur (khad) contre les étrangers, mais doux (rak) envers Israël. Mais José, fils de la damasquine, lui répondit assez aigrement : « fils de rabbi, pourquoi nous gâtes-tu l’Ecriture ? J’atteste le ciel et la terre que je suis de Damas, et qu’il y a là un lieu nommé Khadrak[3] ».

Plusieurs savants[4] pensent que le Messie fut aussi nommé Ézéchias, en souvenir de la prophétie d’Isaïe à Achaz, mais le texte sur lequel on s’appuie nous paraît avoir un autre sens[5]. Il est certain d’ailleurs que plus d’un rabbin a cru que cette prophétie s’arrêtait à Ézéchias ; c’était en particulier l’avis de Tryphon, l’interlocuteur de saint Justin[6]. Quelques-uns en concluaient qu’Ézéchias avait failli être le Messie, et c’est ainsi qu’on expliquait le mem fermé qui se trouve dans Isaïe. Et enfin un amora, R. Hillel, en vint à conclure rondement qu’Ézéchias avait été le Messie, et qu’on ne devait pas en attendre d’autre[7]. Mais ces deux dernières opinions sont postérieures à l’époque des tannas.

L’imagination ne cessa pas de s’exercer quant aux suggestions que l’Écriture pouvait fournir sur le nom du Messie. Nous en retrouverons, à propos du Messie souffrant, des exemples vraiment étranges. Les rabbins ont mis en œuvre dans ce jeu la plus extrême subtilité. On n’en est que plus étonné de constater l’omission de certains noms qui semblaient se présenter d’eux-mêmes. Pourquoi ne pas le nommer Emmanuel ? C’est sans doute à cause de l’opinion que nous venons de rappeler qui bornait la prophétie de l’Emmanuel à Ézéchias. Mais cette restriction est sûrement née de l’opposition au christianisme. Si R. José le Galiléen avait trouvé le nom de Chalôm dans Isaïe[8], il eût pu

  1. la. xt, to.
  2. Zach. II, 1. Ce pays de s’est retrouvé récemment sur une inscription araméenne publiée par AL Pognon, sous la forme "17" ; cL fl/L, 1907, p* 556-
  3. BACHER, Tann. P, p, 391 ; KLAUSNER, L L, p. 68, d’après Sifrê sur £ 1.
  4. Klausncr, Dalman etc.
  5. b. Serai ;. 28’’ : xc ; ïilDHIi ’’ZL’Z C’iSo 122 DflS in ?’"22 1 q mW "iTS Wp’FTL A rheure de sa délivrance (au moment de la mort de lokhanan b, Zakkaï), il leur dit (à ses disciples) : Enlevez les vases pour éviter (qu’ils ne contractent) l’impureté et préparez un troue à Ézéchîas, roi de Juda, qui vient ». Au pre¬mier abord, et surtout isolés, les derniers mots paraissent décisifs ; mais dans j. Solar IX, trad. Schwab, VH, 344, on voit ensuite préparer un trône à H. lokhanan lul-méme pour recevoir son disciple à sa mort. La pensée du rabbi est donc que quelque grand person¬nage défunt viendra recevoir son âme. D’après Lévy (dictionnaire, $ub T* XZ3), Éiéchias désignerait R. Gamalïel ; ailleurs c’est le roi Josaphat qui vient, autre nom symbolique.
  6. Dial. c, LXVII.
  7. b, 9îa et
  8. x