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Assurément cela ne nous autorise pas à lire toujours le messianisme entre les lignes de Josèphe. Mais il sera du moins légitime de donner toute leur valeur aux textes qui y font allusion. Pour employer une expression assez barbare, on peut être certain que l’historien l’a minimisé, et on pourra, sans crainte de se tromper, soupçonner davantage. C’est, croyons-nous, dans cet esprit qu’il faut lire Josèphe. Aussi bien ne prétendons-nous pas assigner ce caractère à tous les mouvements que nous allons rappeler dans une vue rapide ; le messianisme a sa place parmi les tendances du temps ; il ne serait pas compris si on l’isolait complètement de l’enchaînement de l’histoire.

II — LES FAITS.

Pas plus dans Josèphe que dans les deux livres des Macchabées, qui d’ailleurs lui ont servi de source, on ne voit le messianisme jouer un rôle actif dans la guerre religieuse entreprise par les Juifs fidèles contre Antiochus Epiphane. Il ne représente même pas le gouvernement de Simon (142 à 135 av. J.-C.) sous les couleurs caractérisées, qu’on peut dire messianiques, mises en œuvre par le premier livre des Macchabées[1]. Il note seulement à bon droit que c’est de Simon que date l’indépendance, quand on cessa de payer le tribut aux Macédoniens, 170 ans après Séleucus Nicator[2].

A partir de ce moment, il y eut encore des guerres contre les Syriens, mais elles n’avaient plus le caractère de guerres religieuses d’où dépendît l’existence même du culte juif. Antiochus Soter[3], assiégeant Jérusalem, envoie des taureaux aux cornes dorées et des coupes d’or et d’argent remplies d’aromates, « par piété envers le Divin »[4]. Combien différent de cet Antiochus Épiphane qui avait immolé un porc sur l’autel et souillé le Temple, obligeant ainsi les Juifs à une résistance acharnée s’ils ne voulaient renoncer à leur foi !

Jean Hyrcan (135 à 104 av. J.-C.) sut profiter des sentiments religieux d’Antiochus ; il devint son allié et l’amena à respecter la loi juive qui interdisait les marches militaires les jours de fête et de sabbat[5].

Grand prêtre et chef du peuple, Hyrcan agrandit notablement le territoire des Juifs. Ses guerres, à lui, étaient bien des guerres de

  1. I Macch. XIV, 4-15.
  2. Ant. XIII, vi, 6.
  3. Ant. XIII, viii}, 2
  4. τῇ πρὸς τὸ θεῖον εὐσεβείᾳ.
  5. Ant. XIII, viii, 4.