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parce qu’il descendait d’une captive, mais ne lui contestèrent pas le titre de roi, même au temps des sévices atroces qu’il exerça contre eux. D’après Josèphe, il en crucifia huit cents, faisant tuer sous leurs yeux leurs femmes et leurs enfants, tandis que lui-même festoyait avec des courtisanes[1]. Et cependant Pella était détruite de fond en comble parce que les habitants ne voulaient pas accepter les coutumes juives[2]. Cette cité ne fut apparemment pas la seule aussi maltraitée, et Josèphe a sans doute atténué la dureté de la conquête juive : c’est seulement par une sorte de parenthèse que nous apprenons que les cités prises étaient demeurées désertes jusqu’à Pompée[3].

En dépit des discordes intestines et de quelques sanglantes défaites, le Judaïsme était en progrès. Les Sadducéens pouvaient estimer que l’idéal messianique était en voie de se réaliser. Il eût été très naturel que les Pharisiens l’opposassent au règne profane du belliqueux Jannée. Josèphe ne nous dit pas qu’ils en aient eu la pensée ; mais ce n’est pas en un jour que se produisit la réaction en faveur du messianisme davidique, si fortement nuancée de haine contre les Asmonéens, telle que nous la trouverons dans les Psaumes de Salomon.

Le règne d’Alexandra (76 à 67 av. J.-C.) marqua sans doute un temps d’arrêt dans ce développement inévitable. Elle régna, les Pharisiens gouvernèrent[4], soit qu’ils aient abusé de la simplicité d’une femme dévote, — et c’est la version de la Guerre[5], — soit que cette femme peu scrupuleuse ait vu dans cette tactique le seul moyen de satisfaire son ambition, — et c’est la version des Antiquités[6].

Les dissensions entre Hyrcan et Aristobule, les deux fils de Jannée, l’un mou et débonnaire, l’autre actif et énergique, permirent à Pompée d’intervenir dans les affaires de la Judée. Pour la première fois la nation élève la voix, Hyrcan avait pour lui les personnes en charge, dressées par Antipater qui inaugurait alors son vizirat tout-puissant ; Aristobule était soutenu par l’aristocratie, surtout par une jeunesse élégante et amie des armes. Les députés du peuple se prononcent contre tous deux. Aucune trace de prétentions chimé-

  1. Ant. XIII, xiv, 2.
  2. Ant. XIII, xv, 4.
  3. Ant. XIV, v, 3. Gabinius restaure Samarie, Azot, Scythopolis, Anthédon, Dora, Marissa et Gaza πολὺν χρόνον ἐρήμους γινομένας. Évidemment depuis la conquête juive.
  4. Ant. XIII, xvi, 1 : Τὸ μὲν οὖν ὄνομα τῆς βασιλείας εἶχεν αὐτή, τὴν δὲ δύναμιν οἱ φαρισαῖοι.
  5. Bell. I, v, 2.
  6. XIII, xvi, 6. Alexandra préfère les biens présents à ceux de l’avenir, sans doute la vie future.