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monterait au ciel. [Il] se faisait la vie douce au moyen du nom de Dieu.

Il fut éprouvé à Lydda, comme un séducteur et un docteur d’apostasie. On avait caché des témoins pour entendre ses paroles, et une lampe était allumée au-dessus de lui, de façon qu’on pût voir sa face. Il fut conduit au Beth-Din (tribunal). Il fut exécuté à Lydda, la veille de Pâque, qui était aussi la veille d’un sabbat. Il fut lapidé, et pendu, ou crucifié. Un héraut annonça qu’il serait lapidé, et invita à produire des allégations en sa faveur ; aucune ne fut fournie.

Il (sous le nom de Balaam) fut mis à mort par Pinkhas le voleur (Ponce-Pilate), et à l’époque de sa mort il avait trente-trois ans.

Il a été puni en enfer, au moyen d’ordure bouillante. C’était un révolutionnaire. Il allait devenir roi.

Il eut cinq disciples.

Sous le nom de Balaam, il est exclu du monde à venir »[1]. Si l’on ajoute que la vie de Jésus est tantôt rapportée au temps d’Alexandre Jannée[2], tantôt au temps de R. Aqiba[3], — ou plus bas encore — avec une latitude de plus de deux cents ans, on hésitera à prononcer le mot de tradition. Le plus ancien témoignage allégué est de R. Éliézer b. Hyrkanos[4] ; la mort de Jésus à Lydda suppose que le judaïsme y avait un tribunal, ce qui n’eut lieu qu’au début du second siècle. C’est là sans doute que naquit la légende. Ou plutôt, l’opinion du judaïsme sur Jésus n’est qu’une contrefaçon de la catéchèse chrétienne. Les chefs du Pharisaïsme ne se soucièrent pas de conser-

  1. Citons un des textes les plus caractéristiques, rayé des éditions ordinaires du Talmud, restitué d’après les anciennes éditions et les manuscrits : b. Sanh. 43a. והתניא בערב שבת ובערב פסח תלאוהו לישו הנוצרי והכרוז יוצא לפניו מ׳ יום ישו הנוצרי יוצא ליסקל על שכיסף והיסית והידיה את ישראל כל מי שיודע לו זכות יבא וילמד עליו ולא מצאו לו זכות ותלאוהו בערב שבת ובערב פסח [אמר עולא] ותסברא בר הפוכי זכות הוא מקית הוא ורחמנא אמר לא תחמול ולא תכסה עליו אלא שאני ישו דקרוב למלכות הוה.

    « Tradition (donc une baraïtha) : la veille du sabbat et la veille de la pâque, on pendit Jésus de Nazareth, et le héraut sortit devant lui pendant quarante jours, [disant] : On va lapider Jésus de Nazareth, car c’est un magicien et un séducteur, et il a trompé Israël. Quiconque le sait innocent vienne et proteste en sa faveur. Et personne ne protesta de son innocence et on le pendit la veille du sabbat et la veille de la pâque. [R. ‘Oulla dit] : Peut-on conjecturer qu’un révolutionnaire soit innocent ? C’était un séducteur. Et le Miséricordieux a dit (Dt. xiii, 8) : tu n’auras pas compassion et tu ne dissimuleras pas [la faute]. Mais c’est différent, car Jésus avait des accointances avec l’empire ». La veille du sabbat est ajoutée d’après le Cod. de Florence ; tous ont la veille de la pâque (op. laud., p. 83 ss. et p. 406).

  2. De 104 à 78 av. J.-C. ; cf. b. Sanh. 107b.
  3. On donnait pour père à Jésus un certain Pappos ben Iehouda, qui vivait un siècle après lui (Herford, l. l., p. 40).
  4. Arrêté comme suspect de christianisme vers l’an 109 (l. l., p. 388).