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CHAPITRE II

ATTITUDE DU RABBINISME ENVERS LE CHRISTIANISME.


Le judaïsme avait vu sortir de son sein une religion nouvelle qui paralysait sa propre propagande. Il avait été appelé à se prononcer sur le messianisme de Jésus de Nazareth. Quelle attitude se décida-t-il à prendre envers celui qui conquérait les âmes sous le nom de Christ, et envers ses disciples ?


I. — OPINIONS DES RABBINS SUR JÉSUS[1].


Et d’abord, sur la personne même de Jésus, voici tout ce qu’ont pu fournir le Talmud et les Midrachim, citant les autorités des quatre premiers siècles, à un auteur très bien informé, M. R. Travers Herford. Nous demandons à l’auteur la permission de traduire cette page, et nous prions le lecteur chrétien de nous excuser si nous reproduisons cette série de sottises qui sont pour nous des blasphèmes[2].

« Jésus, nommé le Nazaréen, Ben Stada[3], ou Ben Pandira, était né de l’adultère. Sa mère était nommée Miriam (Marie) et était coiffeuse pour femmes. Son mari était Pappos ben Iehoudah. Son amant était Pandira. On dit aussi qu’elle descendait de princes et de souverains, et qu’elle s’était mal conduite avec un charpentier.

Jésus avait été en Égypte, et en rapporta la magie. Il était magicien, séduisit et trompa Israël. Il pécha et fit pécher la multitude. Il se moqua des paroles des sages et fut excommunié. Il était entaché d’hérésie. [Il] [4] se nommait lui-même Dieu, et le fils de l’homme, et disait qu’il

  1. Jesus Christus im Thalmud, von Heinrich Laible, avec un appendice, Die thalmudischen Texte, mitgeteilt von Prof. D. G. Dalman, édition anastatique de 1900.
  2. Christianity in Talmud and Midrash, London, 1903, p. 348 s.
  3. L’identification de Ben Stada avec Jésus est certaine, mais peut-être que, à l’origine, Ben Stada représentait une autre personnalité, l’Égyptien de Actes, xxi, 38 (cf. Josèphe Ant. XX, viii, 6 ; Bell. II, xiii, 5).
  4. Quand le pronom est entre crochets, Jésus n’est pas désigné par un des vocables ci-dessus, mais l’allusion est certaine.