Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/340

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chodonosor, et de l’incendie du Temple par Titus. Le même jour on passait la charrue sur les ruines du Temple pour jeter les fondements d’Aelia Capitolina[1].

La nouvelle colonie se nommait Aelia, du nom de famille de l’empereur, Capitolina, à cause du temple de Jupiter Capitolin.

Ce n’était pas assez que les Juifs en fussent écartés par l’aspect païen de la ville. Il leur fut défendu d’y entrer ou même d’en approcher sous peine de mort. Cette défense était en pleine vigueur au temps de saint Justin[2], d’Ariston de Pella cité par Eusèbe[3], et d’Eusèbe lui-même[4]. C’est donc probablement sous le premier empereur chrétien qu’on usa de quelque tolérance, car au temps du pèlerin de Bordeaux, vers 333, on permettait aux Juifs, une fois par an, de s’approcher d’une pierre, sûrement celle que recouvre aujourd’hui la mosquée dite d’Omar, l’ancien noyau de l’autel des holocaustes ; ils l’oignaient en pleurant, et déchiraient leurs vêtements[5]. C’est à peu près le spectacle qu’ils donnent aujourd’hui, mais à l’extérieur du Haram. Le soulèvement n’avait donc abouti qu’à une ruine plus complète, et sans espoir.

A qui incombait la responsabilité de cette rechute mortelle ?

M. Schlatter[6] remarque que les sources rabbiniques n’ont jamais condamné le mouvement en lui-même. Les rabbins ne disent pas : on a eu tort de reconnaître Bar-Koziba pour le Messie, parce qu’ils ne veulent pas se donner tort. Ayant été les plus actifs fauteurs de la révolte, ils n’ont point consenti à se rétracter.

Dans ces termes cette opinion serait exagérée. Il est fort douteux que les rabbins aient provoqué la guerre, et qu’ils aient été unanimes à saluer le Messie dans la personne de Bar-Kokébas. S’ils n’ont pas jeté la pierre aux insurgés, c’est que toute révolte contre les Romains

  1. TcfaniUi, ivj, 6* La tradition était déjà connue de S. Jérome, commentaire de Zacfh sur vin, 19, P. t, XXV, col. I475t où l’éditeur a mal à propos introduit Turannio Rufb. La leçon vulgate T. JîîIIIo Rufo devait être corrigée en 7ïn ;no Rufo ; cf. TILLEMOFT, et ScHiiai-R, I. L, p* 692, note 127.
  2. Apol. 47 : OTI âè OTIW ; xaï Gavatû ; xavà 5lû’jôaUu EI(JL6VTOÇ wpiffTa :, àxpirëù ; ^(araaOE.
  3. HE. IV, 6 : wç àv pino EE ; àrcûKTG-j 6EÜ>P<HEV zo Ttavpwœj ÈÔasü ;.
  4. Eusèbe suppose que sous Titus Jérusalem n’avait été ruinée qu*à moitié ; elle le fut complètement sous Hadrien : to kotnav xSjç irôî.swç [ispo ; jrûktopziîElEv CTJÛIÇ EÇEIJÏIJVEW, djç EXEIVOU xzt EΠ; Seüpo TCdtpjrav Sfiarov aùrûïç ycvé-crOoc : TOV TUHGV (Demonstr. evangeL VI, XVÏlb 10).
  5. Est et non longe de statuts ((ftfadricn, sur le ijarain actuel) tapis pcrhisiis, ad ijuem veniunt ludaei singulis wm, eZ unguenl euwi et lamentant se cutii gpmitu, et vestimenta sua seindunt el sic recedunl (Ilinera Hierosoly-ntilana, ed. Geycr, p. 22).
  6. Loc. laud.’ p. 52.