Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/339

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Suit le récit de la mort de R. Éléazar, accusé traîtreusement par un samaritain, et tué par le tyran.

Aussitôt Bethar fut prise, et R. Koziba périt. Sa tête fut portée chez Adrien. Qui l’a tué ? demanda l’empereur. — Moi, dit un samaritain. — Montre-moi ses organes (veretrum ejus), dit Adrien. Il les lui montra, et l’on trouva un serpent enroulé au-dessus. Si Dieu ne l’avait pas tué, dit le souverain, personne ne l’aurait dompté. On égorgea ensuite tant de juifs, que les chevaux s’enfoncaient dans le sang jusqu’aux naseaux ; le sang souleva des quartiers de roc pesant 40 saas et les roula à la mer, qu’il colorait de sa teinte rouge jusqu’à 4 milles au large. Ce n’est pas que Bethar était près de la mer ; cette ville en était distante de 10 milles, etc., etc.

Nulles comme valeur historique, ces lignes ne sont pas sans intérêt ; elles caractérisent les sentiments des rabbins à l’égard du héros de l’indépendance, du moins après les faits. L’histoire véritable ne se rencontre que dans un fragment de Dion[1], malheureusement très peu précis. Il ne nomme aucune ville assiégée, mais il affirme que les Romains durent forcer cinquante forteresses en état de défense, qu’ils ravagèrent neuf cent quatre-vingt-cinq bourgs et massacrèrent cinq cent quatre-vingt mille hommes, sans parler de ceux qui périrent par la famine, par les maladies ou dans les incendies. Hadrien dut mander de Bretagne Julius Severus, un des meilleurs généraux du temps. Il réussit par une stratégie de détail, en évitant des engagements toujours dangereux avec des désespérés.

Encore est-il que lorsque Hadrien rendit compte au sénat de l’heureuse issue de la guerre, il n’osa se servir de la formule accoutumée : « Si vous et vos enfants êtes en bon état, tout est bien ; l’armée et moi nous sommes en bon état ». Si Dion ne cite même pas Jérusalem parmi les villes prises et détruites, c’est peut-être pour demeurer fidèle à l’ordre qu’il a adopté, de placer la fondation d’Aelia sur les ruines de Jérusalem au début de la guerre.

Les monnaies ont prouvé qu’elle fut au pouvoir des rebelles ; elle a donc été prise et ruinée une fois de plus par les Romains, comme Appien l’atteste expressément[2]. Il est probable qu’elle succomba avant Béther, où Bar-Kokébas fit une résistance désespérée comme jadis Éléazar à Masada, après la ruine du Temple sous Titus[3].

La tradition juive croyait savoir que Béther avait succombé le 9 du mois de ab, au jour anniversaire de la prise de Jérusalem par Nabu-

  1. D1ONT 12-14.
  2. APPJEN, Syr. 50 : Pompée a renversé Jérusalem, la capitale et la ville sainte des Juifs, orç xal ïlToleptaïo ; 6 jrcpwTt>£ AÏ^ÜTTTOV xett Oùwnûtnavijç gtiüîî xac ’ASptavàç auflç ; sif qioü.
  3. JOSEPIIE, Bell. V[[, VHL