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IV. — LE JUDAÏSME EN ARABIE.


Au moment où le prosélytisme juif s’éteignait en Occident, il prenait en Arabie un développement extraordinaire. Cette histoire, malheureusement peu connue, est cependant une partie intégrante des espérances et des échecs du judaïsme.

Quand les Juifs ont-ils pénétré en Arabie ? nul ne peut le dire. La tradition arabe remontait au temps de Moïse, après sa victoire sur les Amalécites. C’est légende pure. Les modernes, après Aboul’faradj-Isfahâni, supposent une série de migrations, après les prises de Jérusalem par Pompée, par Titus, par Hadrien[1]. Cela est naturellement possible, et même vraisemblable, pourvu qu’on ne se figure pas des masses trop considérables. Les Juifs ont dû se répandre en Arabie par petits paquets, comme dans le monde romain, et leurs rapports commerciaux avec les Nabatéens leur en ouvraient la porte. De Pétra et d’Hégra[2], les deux capitales nabatéennes, les Juifs pouvaient facilement pénétrer jusqu’aux environs de Yathrib, nommée Médine depuis l’Islam. Là fut toujours le centre de leur influence. C’êst de Yathrib que le judaïsme pénétra dans le Yémen, vraisemblablement à la suite de la conversion d’Abou Karib, tobba des Himyarites, vers le début du ive siècle. Philostorge[3] constatait, au début du ive siècle, sa diffusion parmi les Himyarites, et les choses en vinrent au point qu’au sixième siècle ils étaient les maîtres du Yémen.

Il est vrai que d’autres auteurs racontent les mêmes faits du célèbre Dhou Nowâs, le persécuteur des chrétiens. Son nom était, dit-on, Zura‘ ; en se convertissant au judaïsme ou en montant sur le trône il prit le nom de Iousouf[4] ; Dhou Nowâs est un surnom qui fait allusion aux mèches de cheveux pendantes qu’il portait probablement à la façon des papillotes des Juifs modernes. Il régnait, disent les sources[5], sur tous les Juifs ; mais le récit éthiopien prétend qu’ils observaient fort peu la Thora, à l’exception des lois sur les aliments. C’est là sans doute une exagération, mais elle n’eût pas même été possible, si tous les Juifs du Yémen avaient été des Juifs de race ; c’étaient plutôt des prosélytes dans le sens large. Le prince juif engagea une véritable

  1. CAUSSIN DE PEHCEVAL, tissai sur l’histoire des Arabes, IL p.
  2. Les Pères Jaussen et Savîynac viennent de trouver une tombe juive à Med aïn Saleh.
  3. P. G., t. LXV, c. 4SI : OVK dHfov UE XUU ’lovôaitûv aÛTQÏ ; àvazipupTfxu
  4. Le récit éthiopien le nomme Pinehas* autre nom juif.
  5. FBLL, Die CkrisCenverfolguntf in Südarabi&ïi und die hDnjarlsch-dikwpischeti Kriege nark abexsinischer Ueberlieferung* dans Zeitschrift der deulscken Margeur t. XXXV, 188L p* 1-7L