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terre, dans le Tartare, les gens pieux jouiront du bonheur sur la terre, à la lumière du soleil, car ils seront ressuscités[1]. La terre n’empêche pas que l’eschatologie soit plutôt transcendante. L’auteur est assez modéré et admet que ses compatriotes ont été punis pour leurs fautes[2]. Il ne distingue pas entre les Juifs et les Gentils, mais entre les bons et les méchants ; il est probable que dans sa pensée cela revenait au même ; toutefois il faut reconnaître l’élévation morale de cette pièce qui ne respire pas la haine de Rome, quoique très rapprochée de la ruine de Jérusalem[3].

Dans les différentes eschatologies que nous venons de passer en revue, le Messie ne paraît pas. Le bonheur futur qu’elles font espérer ne peut donc guère se nommer messianisme, si ce n’est dans un sens tout à fait large, et même impropre. On comprend très bien que le Messie n’y figure pas, puisque son rôle traditionnel le plus communément admis était limité aux destinées nationales. Les auteurs de ces apocalypses qui ne se préoccupaient que de l’au-delà n’avaient pas plus à en parler que l’auteur de la Sagesse. L’action du Messie pour le salut des âmes était précisément le mystère réservé au Nouveau Testament.

A côté de ces spéculations, et parallèlement, puisqu’on n’en percevait pas le lien, il y avait place pour une eschatologie messianique.

  1. V. 187 s. :

    ὅσσοι δʹ εὐσεϐέουσι, πάλιν ζήσοντʹ ἐπὶ γαῖαν
    πνεῦμα Θεοῦ δόντος ζωὴν θʹ ἅμα καὶ χάριν αὐτοῖς.

  2. V. 117 s.
  3. L’auteur connaît la prise de la ville, v. 115-118 ; l’éruption du Vésuve, v. 130-136, mais croit encore au retour de Néron, v. 119-124, 137-139.