Aller au contenu

Page:Le oui et le non des femmes.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

trop se l’avouer à elle-même, elle désirait l’amour de Lucien ; et l’indifférence qu’affectait le jeune homme, la politesse un peu railleuse qui ne l’abandonnait jamais, blessait son instinctive coquetterie et lui faisait ardemment désirer de voir à ses pieds ce paysan qui possédait au suprême degré l’élégance et la distinction d’un gentilhomme.

— Car enfin, disait-elle, je ne puis retourner à Paris sous le coup de cette honteuse défaite, je ne m’en relèverais pas à mes propres yeux, je me défierais de mes forces… Non, encore une fois, il faut qu’il m’aime, il faut qu’il se traîne à mes pieds, qu’il y pleure ! Mais s’il m’aimait en effet, s’il craignait de me le laisser voir, s’il souffrait… quelquefois, il m’a semblé… Ah ! que je le voudrais ! je l’aurais réduit alors ; ce Renaud rustique, et, une fois la passion venue, Armide le chasserait sans pitié.