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Page:Le oui et le non des femmes.djvu/110

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LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

Lucien s’apercevait avec bonheur de la préoccupation de la jeune femme ; il l’aimait ardemment malgré ses démonstrations, qui se tournaient contre lui ; il l’aimait avec des airs de rage et de fureur, et il n’écrivait plus à Marthe que pour lui parler de Caroline ; il était atterré et troublé. Cette passion rapide qui avait envahi tout son être, et qui avait pris les meilleures tendresses de son cœur, avait fait des ravages terribles dans son âme jusqu’alors tendre et douce ; il rougissait de cet amour qu’il avait tant raillé chez les autres, il rougissait de sa défaite ; mais il était vaincu par cette énervante passion qui avait changé son esprit jeune, honnête, ingénu.

Il adorait ce corps qu’il croyait privé d’âme, et la pensée de Marthe était bien loin. Pauvre Marthe ! si belle, si froide, si austère, si intelligente, si triste et si résignée, il comprenait