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Conseil Héraldique, M. Paul de Farcy, archéologue distingué, dont l’opinion en pareille matière doit faire autorité :

« Le paillé ou diapré est la reproduction d’une bande d’étoffe arabe dite sarrazinoise et est une pièce rapportée des croisades. Cette étoffe tissée d’or était ordinairement fond vert ou sinople (quand elle est d’autre couleur il faut l’indiquer). Ainsi donc il est bien convenu que le diapré doit s’entendre d’une pièce de couleur verte et or. Maintenant de quoi était-elle ornée ? De ce que représentaient les étoffes de ce temps et comme elles ont varié, cela explique la variété ou licence de cette pièce de blason. Elles portaient des ronds juxtaposés, soit simples, soit doubles et reliés par une sorte de grecque. Au centre des animaux seuls, lions, panthères, aigles, etc., soit affrontés. Beaucoup de familles Normandes qui furent à la 1re croisade en rapportèrent ou y adoptèrent des armoiries fascées de six pièces. »

« Ce n’est point dans un auteur sur le blason que j’ai trouvé la définition du paillé ou diapré. La tradition s’est perdue peu à peu et l’on en est arrivé à ne pas savoir ce que c’était, l’usage en étant très peu fréquent, mais les inventaires des trésors au XIVe et au XVe siècle mentionnent ces étoffes sarrazinoises qui étaient dites de paillé comme dans l’armorial de 1396. L’ornement était variable, essentiellement variable, comme le tissu de l’étoile variant avec la mode. Il est certain que le paillé du XIIe siècle ne ressemble pas au paillé du XIVe. Ce sont des étoffes ornées de rinceaux, losanges, ronds, remplis à l’intérieur d’animaux ou d’oiseaux souvent alternés. »

Il reste à voir ce qui a été dit du Diapré et du Paillé par les héraldistes. Un seul, à notre connaissance, ayant eu aussi l’idée de consulter du Cange, a, au siècle dernier, entrevu, en faible partie, l’origine du Diapré. C’est cependant le plus modeste, car il n’a donné que les initiales de son nom. Après l’avoir cité, nous nous contenterons donc de reproduire les définitions et les explications des deux principaux traités modernes de Blason, résumés des anciens, et celles de l’Armorial Général. Nous y ajouterons nos propres observations, qui achèveront, nous l’espérons du moins, d’élucider la question.