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émaux dans la gravure des blasons. L’usage n’en devint général, certain et fixe, que dans la première moitié du XVIIe, on peut même dire, que sous le règne de Louis XIV. Les hachures, que l’on trouve sur les sceaux avant cette époque, n’indiquent donc rien sous ce rapport, ayant été mises simplement comme ornement ou pour faire ressortir les pièces sur le fond.

Dans le chartrier de la Mancellière, nous avons trouvé des parchemins de 1321 et de 1334, portant de petits scels des barons de la Roche-Tesson sur lesquels les fasces de Paillé sont striées diagonalement, de gauche à droite et de droite à gauche, comme si, de nos jours, on s’avisait de vouloir représenter à la fois le pourpre et le sinople, ce qui ferait une bigarrure de couleurs, répondant bien à la définition du Diapré par le Père Menestrier. C’est un ornement beaucoup moins compliqué que les chaînes de médaillons, ornés d’animaux, qu’il était impossible de reproduire convenablement sur d’aussi petits sceaux. Les traits sont donc ici la conséquence et non l’origine du vrai Diapré.

(E). — Aux cinq couleurs primordiales du Blason : gueules, azur, sinople, sable et pourpre, Bachelin-Deflorenne, dans La Science des Armoiries (1880), ajoute cinq couleurs secondaires : Le tanné, l’orangé, le diapré, la sanguine et la carnation, comme ayant été en usage en divers pays d’Europe.

Nous voilà loin, assurément, de la règle versifiée :

Le Blason, composé de différents émaux,
N’a que quatre couleurs, deux pannes, deux métaux.

Mais, en sus de ces quatre couleurs fondamentales, seules vraiment héraldiques : le gueules, l’azur, le sinople et le sable, M. de Foras mentionne encore davantage de couleurs accessoires, plus ou moins techniques : le pourpre, la carnation, la couleur au naturel, la couleur de plaisance, l’orange, le tanné, le gris (ces trois du Blason anglais), et la sanguine. Seul le Diapré se trouve éliminé.

Nous avons vu que le Diapré était bien un émail, mais une panne dont les blasonneurs ont fait une couleur diaprée.