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LE POISSON D’OR

les bras étendus, la bouche ouverte et les yeux éteints, et que l’eau, en allant et venant, le faisant tourner lentement autour de la tasse.

Ça donne des figures aux choses, les éclairs on a eu froid dans les os, quoi !

J’ai dit : « Paraît qu’y a eu un petit coup de sang, un tantinet plus carabiné qu’à l’ordinaire. Pare à virer, c’est fini. »

Mais M. Vincent s’était rebiffé de bout en bout qu’il a commandé sans porte-voix :

— Plaisantons pas ! Mlle Jeanne m’a dit de le sauver ! Aborde !

J’ai mangé le pain de Chédéglise ; je sais comme ils sont faits, ayant la tête dure comme la rocque, de père en fils. J’ai objecté la sagesse, il m’a engagé à taire mon bec en silence. C’est bon, j’ai coupé ma langue.

Mais comment aller pêcher le Judas, puisqu’il ne valait pas mieux qu’un bout de planche ? C’était là le hic. Vous croyez ça ! Du tout, M, Vincent avait son idée. Les Chédéglise, c’est du monde qui n’ont pas froid aux yeux.

— Une corde ! qu’il a demandé.

Rapport à la fête, on n’avait pas embarqué les lignes. À part la mienne et celle de Courtecuisse, pas un brin de corde à bord, excepté la grosse amarre, la bosse et les agrès. Tout ça, c’est trop lourd. Jean-Pierre a tapé dans ses mains, criant :

— Y a la ligne de Monsieur Vincent, avec quoi qu’il a essayé l’an dernier de pêcher le poisson d’or !

C’est vrai qu’on l’avait mise à part dans la chambre d’arrière comme une relique. Voilà qu’est déjà drôle, hé monsieur l’avocat, l’histoire de c’te ligne ?

M. Vincent vous la dévide en deux temps et saute à