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LE POISSON D’OR

demande, directement ou non. Il avait son idée fixe. Le procès n’était qu’une galanterie à rebours. Il s’était dit « Je réduirai la place par la famine. »

Un soir d’été, un an après mon excursion morbihannaise, je reçus deux lettres à la fois, toutes deux de Port-Louis. Mes bons amis Keroulaz ne me laissaient jamais bien longtemps sans nouvelles, mais aucune des deux adresses ne portait la mignonne écriture de Jeanne. J’ouvris la première, dont voici textuellement le contenu, sauf ortographe :


« À M. Corbière, de Rennes en propre, à lui-même.

« Mon cher monsieur, quoique n’ayant pas l’avantage d’être connu réciproquement, vous recevrez par le roulage Morel et Cie, rue Nantaise, une caisse contenant quarante bouteilles de vin d’Espagne ; désirant lier amitié avec une personne dont les bons renseignements le méritent, à cause de mes acquisitions de terrain dans l’Ille-et-Vilaine, sachant qu’outre avocat vous faites aussi la régie des biens et propriétés foncières moyennant le tant pour cent, auquel nous nous entendrons toujours à l’amiable, d’un commun accord, si vous voulez vous charger de cette affaire avantageuse. Réponse, s’il vous plaît et que vous avez bien reçu le vin.

« Votre serviteur, etc.

«  Signé : J. B. Bruant. »

« Post-Scriptum. Il y a contre moi plusieurs clabaudages des calomniateurs, mais j’ai tous mes titres en