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LE POISSON D’OR

j’avais amené, pour voir si, dedans, il n’y avait rien de bon à prendre. Le fond de la mer est plein de trésors. Quand je n’aurais trouvé qu’un gros diamant ou une poignée de perles fines ! On dit que ça vaut cher.

Dans mon paquet il y avait des crabes morts et vivants, des coquilles d’huitres, des pinces de homard, des roches, du corail, des herbes de toute sorte et en quantité, car le paquet pesait plus de deux cents livres, mais il n’y avait ni perles ni diamants. Au centre du tas, c’était comme je l’avais cru voir dans l’obscurité un amas de guenilles, de vrais lambeaux d’étoffe où restaient des débris informes d’ossements humains. Le cadavre d’un noyé avait été le premier noyau de cette bizarre agrégation. Le doute n’était pas possible, car une portion du costume restait presque entière ! c’était une capote en toile cirée, à laquelle des myriades de coquillages s’étaient attachés.

Le soleil se levait derrière les blanches maisons d’Étel, que j’étais encore à fouiller mon misérable trésor. Je le rejetais à la mer à pleines poignées, et bientôt il n’y eut plus dans le bateau que la capote cirée. Elle allait suivre les autres débris, lorsque je sentis dans la poche un objet dur. Je retournai vivement le vêtement, qui pesait bien quarante livres avec ses lourdes broderies de coquilles et je m’emparai d’une boîte de fer-blanc cylindrique, pareille à celles où les patrons abritent leurs rôles et autres papiers d’équipages. Il y avait des papiers dans cette boîte. Je ne savais pas lire, mais je gardai la boîte et les papiers. Ce fut tout le produit de mon expédition.

Seveno voulut m’interroger à mon retour ; je lui fermai la bouche. Chose singulière, ma mauvaise chance, au lieu de m’abaisser vis-à-vis de Seveno, me