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introduction.


Les modes d’acquisition.

Pontigny, tout comme sa mère, Cîteaux, bénéficia du système traditionnel de la dotation immobilière. Ce sont les donations inspirées par le sentiment religieux qui formèrent son premier noyau. L’aumône, en effet, prise dans son acception large d’une « aliénation consentie dans un but pieux, à titre gratuit, à un établissement religieux[1], fut très usitée tout au long des xie et xiie siècles. On a même fait remarquer que cet esprit pénétra à un tel point les gens de cette époque que même les ventes et les transactions étaient rédigées en forme de donation. Si le cartulaire offre peu d’exemples de legs

MODES D’ACQUISITION AU XIIe SIÈCLE
Fig. 2

pour le xiie siècle[2], les donations faites du vivant du donateur sont fort nombreuses. Elles nous sont connues de deux façons soit par les actes de donation eux-mêmes, soit par les amortissements accordés par les seigneurs des biens ou par les multiples confirmations consenties par la famille du donateur. Elles sont faites en général en « perpétuelle aumône » et sans contre-partie, pour le seul repos de l’âme du donateur ou de celle de ses parents, héritiers ou successeurs. Certains réclamèrent, cependant, la participation aux bienfaits de l’abbaye ou le droit d’y établir leur sépulture[3].

  1. J. Laurent, Cartulaires de l’abbaye de Molesme, t. I, p. 41, note 1.
  2. Voir n° 111.
  3. Ce droit fut interdit par les Statuts de 1152 (cf. Canivez, Statuta…, p. 47.). Mais dès 1157 cela fut admis (id…, p. 68, n° 63.).