Page:Le premier cartulaire de l'Abbaye cistercienne de Pontigny.pdf/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
introduction.

Or les Statuts de l’ordre en interdirent longtemps la possession[1], avant de l’autoriser dans le cas où ses abbayes seraient inquiétées à ce sujet[2]. Cela ne fut, en fait, que la reconnaissance tardive d’une pratique depuis longtemps enracinée et impossible à supprimer. En effet, dès 1126, Pontigny reçoit, par exemple, de Bertrand de Seignelay le cens d’un courtil et d’un pré sis à Sainte-Procaire[3]. Cependant ces donations sont peu nombreuses et ne rapportèrent guère d’argent au monastère[4].

Plus normalement il est fait remise d’un cens ou d’une partie que l’abbaye devait payer sur une terre. On voit ainsi le comte de Blois abandonner huit deniers sur le cens que lui devaient les moines pour une terre sise à Saint-Florentin[5] ou encore Pierre de Reigny faire remise d’un cinquième du cens que lui payait le monastère pour se faire pardonner les exactions qu’il avait commises à son égard[6]. Nous possédons enfin un exemple dans lequel, en même temps qu’il est fait don de biens fonciers, il est fait remise des cens et des coutumes qui grevaient ces terres[7].

Il est, en effet, parfois aussi fait mention dans le cartulaire de coutumes. Il semble bien que ce terme, vague et qui peut recouvrir toute sorte de redevances, réponde dans la région à la notion de tonlieu ou de péage, c’est-à-dire d’une redevance que le seigneur banal percevait sur les marchandises qui traversaient son domaine. Nous n’avons qu’un seul exemple de don de cette sorte de taxe, et encore est-il très tardif en 1189, en effet, Étienne de Pierre-Pertuis accorda à Pontigny ses « coutumes de Bassou[8]. Par contre, les grands personnages du royaume exemptèrent très tôt le monastère de toute coutume sur leurs terres. Le roi de France, en tête, accorda cette faveur à Pontigny[9], imité en cela par les grands seigneurs du voisinage, telle comte de Blois[10], ou des princes dont les moines devaient traverser le territoire pour leur commerce, ce qui explique les exemptions que donnèrent les comtes d’Evreux et de Flandre, le vicomte de Corbeil et même le roi d’Angleterre[11], sans parler de certaines immunités locales que consentirent les seigneurs des alentours sur une terre dont ils faisaient don à l’abbaye[12].

Enfin, vers la fin du siècle, Pontigny enrichit son patrimoine d’une nouvelle sorte de revenu la rente. La rente peut être de deux sortes. Ce peut être le produit d’un arrentement, c’est-à-dire d’un contrat. Nous en possédons un exemple intéressant dans le cartulaire en 1168 Augalon de Seignelay arrente sa part de l’eau de l’Armançon à l’abbaye de Pontigny contre la somme de quatre-vingts livres d’Auxerre et une rente annuelle de quarante sous. Mais il est précisé qu’une fois qu’il aura rendu aux moines la somme qu’il en a

  1. Ibid., p.15.
  2. Ibid., p. 118, n° 1.
  3. N° 110.
  4. nos 61, 67,74,130,140.
  5. N° 112.
  6. N° 31.
  7. Ex. : n° 130.
  8. N° 217.
  9. nos 1, 2, 282.
  10. nos 3, 4, 6, 276, 278, 279, 381.
  11. N° 5.
  12. Ex. : n° 58.