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cartulaire de l’abbaye cistercienne de pontigny.

D’autres renseignements qui, eux aussi, figurent en regard de certains actes nous permettent d’affirmer que cette compilation a été faite, alors que le monastère savait déjà quel était le plan de son nouveau cartulaire et quelles seraient ses divisions. En effet, en face de la lettre d’Eble de Mauléon, il est noté de la même main que les gloses précédentes : Ponatur sub primo titulo prime partis cartularii novi[1] ; ou encore, à côté d’un acte du pape : Scribatur in primo titulo prime partis cartularii novi[2]. Bien plus, on entrevoit comment Pontigny voulait ranger ses actes au bas d’un échange que passa le comte de Nevers, Guillaume, avec l’abbaye, il est noté Post istam ponatur carta Hervei comitis confirmantis istam…[3] ; les moines désiraient donc regrouper tous les actes portant sur un même contrat, et par là on découvre que certaines additions qui, à cette même époque, ont été faites, répondaient à ce même désir de rassembler un acte et sa confirmation, pour les retranscrire à la suite l’un de l’autre dans le nouveau cartulaire. On se rend aussi vite compte que le classement que Pontigny a adopté pour son nouveau recueil de titres est topographique. La méthode même qu’il a employée pour la compilation de son ancien cartulaire nous le prouve. Quelques gloses supplémentaires confirment cette opinion. En effet, en marge de vingt-deux actes qui figurent dans le cartulaire sous la rubrique de Pontigny on voit une série de mentions, telle Prima carta secundi tituli prime partis[4]. À première vue, l’on pourrait croire qu’il s’agit de cotes d’archives de l’époque, mais les originaux que nous avons conservés ne comportent aucune mention semblable. Aussi peut-on penser que le compilateur a essayé de donner ici le futur ordre de classement qu’il faudrait adopter pour les actes dans le nouveau recueil. Le problème est, bien sûr, de comprendre pourquoi il ne l’a fait que pour quelques actes et essentiellement pour des actes qui se trouvent sous la rubrique de Pontigny. Il semble que ce soit parce que, comme nous l’avons déjà dit, le chapitre de Pontigny couvrait plusieurs unités économiques Pontigny même, mais aussi Sainte-Procaire ou Beugnon et de plus lointaines, telle Chablis. Aussi a-t-il cherché à mettre de l’ordre parmi ces actes[5] : en effet, lorsque l’on classe ces actes suivant les mentions, on arrive à un classement topographique[6].

De l’étude des gloses il ressort que Pontigny a utilisé le cartulaire pour préparer un nouveau recueil qui aurait eu un plan topographique, tout en regroupant les actes portant sur un même sujet. La première idée qui vient alors est de vérifier cette hypothèse sur le second cartulaire de Pontigny que nous connaissons[7] et qui fut fait au xive siècle. Mais aucun des conseils donnés par le glossateur ne trouve place dans ce second cartulaire. Il faut donc admettre qu’au début du xive siècle Pontigny a fait rédiger un nouveau recueil qui aurait disparu, et qu’ainsi l’annotation de notre cartulaire

  1. N° 114.
  2. N°418.
  3. N° 85.
  4. N° 84.
  5. C’est ainsi qu’il n’a pas glosé le n° 90, qui est le même que le n° 10 ; ni le 98, qui concerne Forterre ; ni le n° 99, en marge duquel est noté : Non scribatur ; ni enfin le n° 102, pour lequel est indiqué Scripta est hic et alibi.
  6. Voir le tableau des gloses.
  7. Bibl. nat., lat. 5465.