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introduction.

Les gloses marginales et l’élaboration d’un nouveau cartulaire, perdu.

C’est aussi vers la fin du xiiie siècle que toute une série de gloses ont été portées dans les marges. La première mention qui revient souvent en regard des actes est scripta est. Dans la première partie du cartulaire elle n’est accompagnée d’aucun nom de lieu, alors que dans la seconde elle est suivie constamment d’un toponyme qui est celui sur lequel porte le contrat. C’est certainement là un premier essai de classement topographique des actes or, comme la première partie du recueil suivait déjà ce classement, il était inutile de donner le nom du lieu de l’acte, tandis que le classement méthodique de la seconde partie nécessitait cette précision. Cette mention se double d’une autre série de gloses qui figure, elle aussi, en marge, mais d’une écriture plus grosse bien que contemporaine. Elle donne un nom de lieu qui n’est pas celui qui accompagne la mention scripta est, mais celui de la grange ou de l’unité d’exploitation qui est concernée par l’acte. Ce nom est souvent précédé par la préposition sub. C’est ainsi qu’Eustachie, dame de Pacy, confirme le legs qu’avait fait son mari à Pontigny d’une rente assise à Préhy ; en marge de cette charte nous pouvons lire : Praiz. Scripta est et en dessous sub Chableiis[1]. Nous sommes donc là en présence d’un classement topographique des actes par granges et par domaines, certainement pour préparer la rédaction d’un nouveau cartulaire.

D’autres notations nous confirment dans cette opinion. Il arrive que le compilateur ait marqué, toujours en marge, non scribatur[2] cette mention doit mettre en garde le futur auteur du nouveau cartulaire qu’il ne doit pas retranscrire cet acte. Parfois même il nous précise pourquoi il ne faut pas copier une pièce en marge d’un acte il note nichil valet[3] ailleurs, en face d’un don de rente venditi fuerunt illi (il s’agit de la somme de cette rente qui était de vingt sous)[4] ou encore, en haut du folio 29 : Iste tres carte tangentes Chanlotum adnichilate sunt per emptionem nemoris empti a domino de Chanloto[5].

Bien plus, le compilateur donne toute une série d’autres indications. Il note les doubles[6], mentionne l’existence d’une confirmation d’un acte, lorsque ces deux pièces sont séparées dans le cartulaire[7] ; parfois aussi il rappelle qu’il existe dans les archives mêmes la confirmation d’une pièce qui se trouve dans le cartulaire, ce qui nous laisse à penser que c’est l’archiviste de l’abbaye lui-même qui a dû gloser le cartulaire[8]. Toutes ces mentions nous prouvent qu’à la fin du xiiie siècle Pontigny a révisé son cartulaire pour en rédiger un nouveau.

  1. N° 227.
  2. Plus de vingt actes portent cette mention ; ex. : n° 30.
  3. N° 57.
  4. N° 191.
  5. nos 221, 222, 223.
  6. Ainsi en marge du n° 323 on peut lire Habetur supra, car cet acte figure déjà sous le n° 98.
  7. Ainsi, n° 254 : Habetur infra quarto folio confirmatio istorum centum solidorum.
  8. Ainsi : n° 248 : Habetur confirmatio capituli Cantuariensis tam de donatione ecclesie de Rumenal quam de presentatione vicarii sub hac forma. Or il n’y a aucune trace de cette confirmation dans le cartulaire, aussi faut-il admettre que c’est une allusion à un original.